ART | EXPO

Découper, déplacer, ajuster, coller

19 Mai - 25 Juin 2022
Vernissage le 19 Mai 2022

« Découper, déplacer, ajuster, coller » : depuis 1947, Vera Molnar a sans relâche dessiné, peint, sculpté, programmé, photographié, conceptualisé, spatialisé un nombre impressionnant d’œuvres. D’abord conçues dans une démarche constructiviste, ses œuvres sont devenues des interrogations plastiques.

La phase créative la plus récente de Vera Molnar allie paradoxalement maîtrise et liberté, savoir-faire et quête de la surprise. Elle se manifeste dans la pratique du collage que la galerie Berthet-Aittouares met en valeur en tant que mode fondamental de construction des œuvres de Vera Molnar.

Dès le début des années 50, Vera Molnar a découpé et agencé des formes pour servir de maquettes à des peintures, ou pour réaliser des collages. Le collage de papiers gouachés lui permettant une grande souplesse dans la construction.

Vera Molnar. Lutte contre les ready-made mentaux culturels 

Dans ces mêmes années, avec le découpage, Vera Molnar a invité ses amis, artistes ou non, de passage dans son atelier, à manipuler ses papiers découpés-gouachés et de les coller ou punaiser au mur.

L’enjeu étant d’interroger les conventions esthétiques et mentales — notamment le nombre d’or —, les notions de symétrie et d’équilibre, d’harmonie de couleurs, en vigueur dans la culture et défendues par les œuvres et les institutions artistiques : ce que Vera Molnar qualifiait de « ready-made mentaux culturels ».

Vera Molnar. Dialogue main-machine : des formes produites sous contrainte

Une autre procédure de recherche consista à écrire des programmes pour élaborer des formes en se fixant des contraintes — par exemple, Structure à partir de la lettre N (1961). Après 1968, Vera Molnar utilisa l’ordinateur et la palette graphique pour formuler de nouvelles propositions plastiques et leurs variations.

Cette nouvelle méthode de production d’images lui a permis de concurrencer l’imagination humaine et de faire des propositions a priori impensables et surtout aberrantes. Vera Molnar inventa ainsi littéralement un dialogue main-machine, notamment avec le collage qui continua à la séduire, en particulier, avoue-t-elle,  « chez Vasarely, cet art du contour, du tranché, de formes nettes découpées puis collées ».

Vera Molnar. Réinvestir les archétypes de la culture visuelle occidentale

D’autres familles d’œuvres se succéderont au fil des années, notamment basées sur la richesse de matériaux comme les films transparents superposés qui permettent de coller des formes simples en se recouvrant plus ou moins, et de générer de petits ballets librement suprématistes.

Interstices, brèches, fissures, ajours, subtiles décalages, inframinces déports, microdésordres, caractérisent les agencements de ces quadrangulaires tronqués, scindés, penchés, accolés, auxquels Vera Molnar sait  chaque fois leur insuffler une vie parce que de l’air s’immisce partout, les fait tanguer, vaciller, s’incliner, jusqu’à même s’envoler.

Enfin, par ce découpage-collage et un re-montage ludique et rigoureux, Vera Molnar réinvestit des formes devenues archétypales de la culture visuelle occidentale.

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