ART | EXPO

Veit Stratmann

06 Sep - 11 Oct 2003

Une cloison lumineuse épouse le pourtour de la galerie, dans la poursuite du travail sur ce lieu commencé en 2000. L’installation en néon renvoi à l’architecture et souligne l’espace.

Communiqué de presse (Texte de Monica Regas)
Veit Stratmann
Veit Stratmann

«La Galerie Chez Valentin propose une nouvelle installation de Veit Stratmann à partir du 6 septembre prochain.
Cette œuvre s’inscrit dans un ensemble de réalisations à la fois théoriques et plastiques qui marquent 2003 comme une année charnière dans l’œuvre de Veit Stratmann: une année de réflexion sur son travail avec l’ouvrage Veit stratmann — Outil — 1992/2002 et Le rond-point aux mammouths, ouvrage collectif dont il est l’initiateur sur la place du spectateur dans l’espace public aux Editions PPT; année aussi d’installations fortes comme celle réalisée au Grand Café de Saint-Nazaire ou une nouvelle présentation de deux pièces bien connues: Les chaises et Les anneaux au Printemps de Septembre de Toulouse, avant d’entamer une résidence à l’Atelier Calder de Latché en 2004.

En 2000, Veit Stratmann avait choisi de reproduire à l’identique, à deux reprises, la verrière d’entrée de la galerie (Les devantures de la rue Saint-Gilles). Trois portes d’entrée puis plus rien. Une galerie vide, mais néanmoins pleine de potentialités suggérées à chacun par le passage des trois portes. L’intérieur vide devenait ainsi un pur espace de projection. Une auberge espagnole de tout ce que les visiteurs emmenaient dans leur sillage. Pas de spectacle, pas de spectaculaire, mais une densité. Un chemin qui menait le spectateur à l’intérieur de lui-même.

Trois ans plus tard, la démarche de Veit Stratmann reste sensiblement la même: «il n’y a rien à voir qui ne soit pas en vous-même», mais l’intervention prend une tournure plus radicale. Désormais, pas de problèmes à l’entrée, pas d’objets, pas de barrières, mais une cloison lumineuse qui épouse le pourtour de la galerie selon une frontière très définie, mais non moins inexplicable: la rainure qui de long en large de la galerie souligne — capricieusement, d’ailleurs — la séparation entre les murs et le plafond. Quitte à dire qu’il n’y avait rien à voir, l’artiste n’y est pas allé de main morte. Comme à Château-Gonthier ou à Emmetrop, il a utilisé la lumière, matériau artistique s’il en est, mais pas une bougie comme le Caravage ou Georges de La Tour, non, plutôt la pâleur diffuse du néon. Une surface neutre qui, par ses dimensions acquiert, un caractère extrêmement bruyant. «Non à l’artifice!», nous dit l’artiste.

Miroir opaque où le spectateur est livré à lui-même, cette cloison de néon nous renvoie à l’utilisation de la lumière dans l’icône orientale, dans laquelle la lumière vient toujours de l’intérieur. Elle neutralise l’espace physique et créé dans la galerie un espace mental. De ce fait, l’œuvre devient universelle par son sens et aussi par ses possibilités d’adaptation en tout lieu ou durée. Elle n’est plus seulement in situ ou éphémère. C’est une oeuvre générique, qui ne renvoie pas à elle-même mais à l’essence de l’architecture où elle est installée, et de là, dans sa nudité, au rapport de l’homme avec lui-même et avec son image: ce que les autres n’aiment pas en toi, cultive-le, c’est toi, disait Cocteau.»

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