DESIGN | EXPO

Utiles et ustensiles

12 Sep - 25 Nov 2013
Vernissage le 12 Sep 2013

La maison d’édition italienne Alessi témoigne de son intérêt pour le projet de galerie des arts de la table que met actuellement en place le musée des Arts décoratifs de Bordeaux, en faisant don d’un ensemble de plus de cent cinquante pièces présentées dans le cadre de l’exposition «Alessi. Utiles et ustensiles».

Alessi
Utiles et ustensiles

Alessi, c’est une saga familiale. L’entreprise est fondée en 1921 par Giovanni, le grand-père de l’actuel président, Alberto Alessi, sous la marque FAO (Fratelli Alessi Omegna). Au départ, c’est un «Atelier pour le travail des plaques en laiton et maillechort, avec fonderie». Sous l’influence de Carlo, fils de Giovanni et dessinateur industriel, le design pénètre cette activité dure et traditionnelle. Ettore, son frère, entame à partir de 1955 une collaboration avec des designers externes donnant naissance à des objets souvent destinés à l’hôtellerie. En 1970, c’est Alberto qui intègre l’aventure familiale. Entrent alors chez Alessi les plus grands du design radical, à commencer par Ettore Sottsass. L’entreprise s’est ainsi métamorphosée, elle est devenue, dans les années 1980, l’une des plus belles manufactures du design italien.

Sa force est de parvenir à faire cohabiter les exigences d’une production de série avec une ambition créative et culturelle. Au-delà des fonctions d’usage et d’ergonomie, les produits Alessi provoquent, en effet, la curiosité, amusent, séduisent. On les désire pour leur charge poétique ou pour leur esthétique, on les achète pour répondre au désir d’une émotion. On aime ainsi entendre la mélodie que produit la bouilloire de Richard Sapper qui enchante l’espace de la cuisine, comme on prend plaisir à voir le Juicy Salif, célèbre presse-citron de Philippe Starck, trôner sur une étagère, même si personne ne s’en sert.

Rares sont les aventures commerciales où la relation entre designers et entreprise a façonné un tel succès. Sans pour autant se donner une image de société de luxe, l’entreprise italienne a su doter ses produits d’une valeur culturelle, ancrée dans l’expérimentation et le renouveau des usages liés aux repas, à leur préparation, à leur partage.

Chez Alessi, le designer apparaît comme une source de richesse et d’innovation. Il est un acteur majeur de la définition des produits. Un rôle et un investissement que les entreprises françaises n’accordent que trop rarement au design.

C’est pourquoi il importe tant au musée des Arts décoratifs de Bordeaux de faire entrer ces pièces dans ses collections. Ce sont 150 ustensiles de la table et de la cuisine, allant du très beau service Programme 8 de Franco Sargiani et Eija Helander (1975) à celui des frères Bouroullec, Ovale (2010), en passant par les couverts d’Ettore Sottsass (1987) et de Jasper Morrison (2004), les bouilloires de Richard Sapper (1982), de Michael Graves (1985) et d’Andrea Branzi (1988), les cafetières de Richard Sapper (1979), d’Aldo Rossi (1984 et 1988) et de Riccardo Dalisi (1987), les corbeilles à fruits de Pauline Deltour (2010) et de Pierre Charpin (2011), ainsi que le modèle Alessi de 1952, pionnier dans cette série, les rafraîchissoirs de Massoni et Mazzeri (1957) et d’Ettore Sottsass (1979). Cet ensemble de pièces dessinées par les designers les plus importants des XXe et XXIe siècles vient enrichir les collections de la future galerie des arts et du design de la table que le musée est en train de constituer. Croisant les provenances géographiques et brassant un large champ chronologique allant du XVIIe siècle à l’époque contemporaine, cette future présentation permettra d’interroger les habitudes et comportements liés à la préparation et à la prise des repas, un prisme intéressant pour observer et révéler les évolutions et innovations culturelles.

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