PHOTO | EXPO

Uraniborg, Laurent Grasso

22 Mai - 23 Sep 2012
Vernissage le 22 Mai 2012

Dans les œuvres de Laurent Grasso, la simultanéité des perceptions temporelles et spatiales produit chez le spectateur un léger vertige qui finit par mettre en doute sa capacité à appréhender le monde. C’est dans cette même valse hésitante entre croyance et pouvoir, vérité et mensonge, que s’inscrivent les films et documentaires de l’artiste.

Laurent Grasso
Uraniborg

Toute observation est une manière partielle d’appréhender la réalité. Le travail de Laurent Grasso explore les interstices de cette observation partielle, c’est-à-dire les espaces d’incertitude ou de doute que suscite n’importe quelle conjecture – que ce soit dans le domaine de la science, de l’histoire, de la perception ou de la croyance –, afin de construire des réalités parallèles susceptibles de mettre à l’épreuve notre système de connaissance et notre capacité critique. Il ne s’agit pas pour lui de vérifier la véracité de nos suppositions, mais d’exploiter leurs fractures et leurs tensions pour en faire la matière première de son travail. L’observation, mais aussi le contrôle, la surveillance, le pouvoir ou l’emprise de la science ou de la croyance, ainsi que la réversibilité ou la simultanéité temporelle font partie des champs explorés par Laurent Grasso dans son œuvre. Chacune de ses pièces développe des narrations multiples et simultanées, qui transforment ce qui est connu ou familier en une expérience psychologique, et parfois physique, inquiétante.

La perception communément répandue, selon laquelle ce sont les instruments d’observation et de surveillance qui exercent le pouvoir, indépendamment de ceux qui les manipulent, est ici mise en pratique par Laurent Grasso. Dans cette exposition présentée au Jeu de Paume, l’artiste étend cette notion de «pouvoir diffus» (Michel Foucault parlerait de «pouvoir désindividualisé»), que l’on a tendance à attribuer aux dispositifs de surveillance, pour faire naître des réflexions autour des stratégies panoptiques du pouvoir. Il a spécialement conçu un dispositif labyrinthique, avec corridors et doubles passages, d’inspiration panoptique, créant de véritables espaces d’expérience pour le spectateur, l’incitant à constamment reconfigurer sa grille de références.

En proposant la simultanéité des expériences temporelles et spatiales, en tendant la relation entre le connu et l’inconnu ou en contractant la distance entre le visible et l’invérifiable, le travail de Laurent Grasso met en évidence l’asymétrie entre voir et être vu. En effet, le principe de la machine panoptique en tant que dispositif permettant de modifier, d’orienter et d’instaurer une forme de contrôle de la conduite des individus, aussi bien des surveillants que des surveillés, devient chez Laurent Grasso un instrument à la fois narratif et esthétique de premier ordre.

critique

Uraniborg, Laurent Grasso

AUTRES EVENEMENTS PHOTO