ART | EXPO

Unreachable Empires

13 Avr - 01 Juin 2013
Vernissage le 13 Avr 2013

Sigismond de Vajay présente deux installations/objets et des dessins issus de la série intitulée Unreachable Empires. L’artiste dépeint un monde grave et obscur dans le lequel sont mis en évidence les systèmes qui régissent la planète, les irrégularités et les différences sociales, le pouvoir et le contrôle global, avec subtilité et poésie.

Sigismond de Vajay
Unreachable Empires

Sigismond de Vajay présente deux installations/objets et une vingtaine de dessins issus de la série intitulée Unreachable Empires, un ensemble de quatre-vingt dix-neuf dessins qui seront, d’ici fin 2013, regroupés dans un livre au titre éponyme. A la suite de son précédent travail Nouveaux désastres, également objet d’une publication; Sigismond de Vajay dépeint un monde grave et obscur dans le lequel sont mis en évidence les systèmes qui régissent la planète, les irrégularités et les différences sociales, le pouvoir et le contrôle global, avec subtilité et poésie.

Opaque, sombre, intrigante, l’œuvre Sans titre (1) fait figure d’emblème. Un rectangle de taille humaine noir brillant laisse percevoir la fumée dense qu’il enferme. Métaphore de notre monde, contemporaine allégorie de la caverne platonicienne, Sans titre (1) fait effet de miroir. Dans un jeu de contradiction, le miroitement de l’image que procure l’objet soigné et délicat s’affronte à la dissolution de son contenu impalpable. Sur son piédestal, on perçoit une benne à décombres, élément universel et évocateur de la déconstruction globale.

A l’objet contenant qui n’autorise pas son appréhension globale, répondent des dessins comme des gros plans, des points d’entrées. La plupart des aquarelles présentées sont inspirées de photographies prises par l’artiste ou d’images trouvées dans les médias. Ainsi, des paysages ruraux vus du ciel, des gros plans de ruches d’abeilles, des bâtiments contemporains, des pipelines, ou encore des structures qui témoignent de l’évolution technologique. Autant de lignes, de grilles qui révèlent des systèmes d’organisations et de communications de l’ensemble des êtres et des choses qui composent notre planète. Une sorte d’inventaire impossible qui questionne la position de chacun dans un vaste ensemble insaisissable. Le projet s’avère être d’une actualité poignante. Le monde contemporain globalisé, où l’économie comme l’information sont régis au niveau mondial, dépersonnalise le système qui semble devenir une entité fictionnelle, incontrôlable, inatteignable. Chez Sigismond de Vajay, — qu’il s’agisse de la quantité des figures composant certains dessins ou qu’il s’agisse du rapport sériel avec lequel l’artiste aborde sa production —, le nombre est corollaire d’une machinerie abstraite et monstrueuse.

Avec un regard désenchanté, les sujets des œuvres oscillent sans cesse entre l’humain et la machine, entre l’individu et la masse, dans un mouvement incertain et insécurisant. Artiste protéiforme, curateur et éditeur, ses productions ont en commun une esthétique de la dystopie. Chez Sigismond de Vajay, la beauté provient de notre décadence, et lui permet de questionner la notion même de progrès moderniste. Totem est une sculpture formant une chaîne de bennes à décombres qui s’emboîtent pour venir se déplier verticalement dans l’espace à la façon d’un gardien fragile, qui se maintient dans un équilibre précaire. Avec humour et dérision, l’artiste emploi, dans une symbolique des plus efficace, l’un des outils principaux de l’invention moderniste consignant ainsi notre société contemporaine à l’état de ruine.

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