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Une exposition parlée

26 Fév - 12 Mai 2013
Vernissage le 25 Fév 2013

«Suite pour exposition(s) et publication(s)» se divise en trois temps. Le premier aborde l’exposition par le mot et la pensée. Entre écriture et image mentale, sont ici questionnées l’unicité de la lecture et de la parole, la place du mot dans l’exposition, ainsi que la question de l’exposition et du catalogue — ou de l’exposition du catalogue.

Gustav Metzger, David Medalla
Une exposition parlée

Suite pour exposition(s) et publication(s)
En accès libre, la programmation Satellite est confiée chaque année à un commissaire différent, chargé de l’organisation de trois expositions au Jeu de Paume et d’une exposition à la Maison d’art Bernard Anthonioz (Nogent-sur-Marne). Les artistes invités occupent les espaces interstitiels du Jeu de Paume (hall, mezzanine, foyer, petit café), qui deviennent chacun un champ d’expérimentation, d’interrogation et d’échange.

Pour la sixième édition de la programmation Satellite, le Jeu de Paume a invité le commissaire Mathieu Copeland. Continue et ouverte, cette «Suite pour exposition(s) et publication(s)» porte un regard double sur l’exposition, son image et sa représentation — qu’il s’agisse d’image mentale, du déplacement de l’image, de la médiation de l’image ou simplement du travail de l’image.

«Suite pour exposition(s)», jouant de la connotation musicale du terme «suite», s’offre comme une réflexion sur la fragmentation de l’exposition pour une suite d’espaces et le temps d’une année. Les douze mois se voient ainsi divisés en quatre segments.

Le premier temps, de trois mois (26 février-12 mai 2013), aborde l’exposition par le mot et la pensée. Entre écriture et image mentale, sont ici questionnées l’unicité de la lecture et de la parole, la place du mot dans l’exposition, la question de l’exposition et du catalogue — ou encore de l’exposition du catalogue.

Un deuxième segment de deux mois (Maison d’art Bernard Anthonioz, 21 mars-19 mai 2013) prend le contrepoint du mot parlé et envisage ce moment où le texte fait image et où l’écriture (dans sa plus large acception) s’efface au profit de l’abstraction de l’image et de la disparition du sens. Cette exposition se pense comme le désir affiché (et affirmé) d’annuler tout texte ou toute image.

Un troisième temps de trois mois (28 mai-1er septembre 2013) poursuit la suite et sa possibilité, la disparition de l’image au profit de l’événement et de sa marchandisation.

Enfin, un quatrième et dernier moment de trois mois et demi (15 octobre 2013-26 janvier 2014) conclut cette suite en reposant la question du mot cette fois-ci au sein d’une célébration cinématographique.

Cette fragmentation du temps — ces segments — s’écrit physiquement entre deux espaces (la mezzanine et le foyer du Jeu de Paume), en écho et en continuité l’un de l’autre: dans le temps et la suite (en ce qui concerne les trois expositions présentées dans les espaces du Jeu de Paume), en parallèle et en concomitance (les deux premiers segments, présentés respectivement au Jeu de Paume et à la Maison d’art Bernard Anthonioz, se superposant entre mars et mai).

Poursuivant un engagement critique sur l’exposition et le livre, en parallèle s’écrit une Suite pour publication(s) dont le désir affirmé est de dépasser la conception du catalogue comme représentation de l’exposition par le livre. Chaque exposition sera ainsi accompagnée de la production d’un ouvrage, dont la conception et l’édition seront coréalisées par le commissaire et un «travailleur du langage» invité.

Une exposition à être lue
Le texte — lu — permet son interprétation, et en devient ainsi autant sa partition que sa mémoire. «Une exposition à être lue» génère des figures à être dites, l’abstraction du langage permettant à une forme d’être et, naturellement, une fois dite, de se dissoudre. Parallèlement à cette exposition par le livre est présentée une série de «rétrospectives parlées». Gustav Metzger, qui fait de la destruction et de l’impermanence des motifs de son œuvre, David Medalla, au travers de l’éphémère et de l’impromptu, et d’autres sont invités à enregistrer par leur voix une rétrospective idéale de leur œuvre, soit leurs vies. Un engagement dont le motif et la matérialité ne peuvent exister — survivre — que par l’exposition non documentaire d’une œuvre radicale et qui échappe autant que possible à la présentation de la rétrospective classique. Chaque rétrospective n’existe qu’au travers des mots dits par les artistes — par la mémoire de ceux qui ont créé –, générant ainsi l’image mentale d’une exposition du temps (temps d’une œuvre dont la disparition affirme son existence, temps d’une vie passée) dans l’esprit de ceux qui écoutent.

L’exposition à être lue prend forme avec la publication distribuée dans l’exposition, qui rassemble des œuvres constituant autant sa partition que sa mémoire. Ici l’œuvre se compose de textes écrits par les artistes pour être lus à haute(s) voix. L’exposition devient une forme vivante, intellectuelle, autant que corporelle. L’utilisation orale du mot questionne la gestuelle de la parole et son inscription dans l’espace d’exposition. L’interprétation des œuvres écrites révèle autant l’architecture sensible de l’espace qu’une réalité abstraite et éphémère portée par la voix.

Les rétrospectives parlées
La rétrospective parlée permet à l’artiste de présenter, au travers de sa voix et ses mots, l’ensemble de son œuvre. Générant une exposition mentale, les éléments présentés constituent une accumulation d’œuvres et d’histoires qui n’existent que par le mot parlé. Le commissaire Mathieu Copeland présente les rétrospectives parlées de Gustav Metzger, David Medalla et d’autres. Pour reprendre une phrase de Gustav Metzger, «L’art autodestructif finit avec rien, ici nous commençons avec rien.» Une rétrospective parlée commence avec tout, ne produit rien.

Vernissage
Mardi 26 février 2013

 

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