ART | EXPO

Une demie seconde d’éternité

16 Jan - 07 Mar 2009
Vernissage le 15 Jan 2009

Ghyslain Bertholon capture des images de télévision qu’il reproduit ensuite sur des vitraux comme les simulacres d’une mémoire collective.

Ghyslain Bertholon
Une demie seconde d’éternité. Diachromes et Poézies

Ghyslain Bertholon fait partie de ces artistes pour lesquels l’oeuvre ne saurait être que l’inscription de leur propre «espace-temps». Cela signifie que l’art n’a pour lui de sens que s’il permet de rendre compte des relations qui le constituent, relations avec «les autres», les proches ou les rencontres occasionnelles de sa vie sociale, les vivants ou les disparus (par exemple les maîtres du passé), ou encore relations avec les instruments qui permettent aujourd’hui de maîtriser et de compter le temps (horloges, satellites…) ou qui produisent le simulacre d’une mémoire collective (la télévision et les images des médias).

A l’occasion de cette exposition personnelle, Ghyslain Bertholon présente 12 Diachromes, soit la totalité actuelle de ces pièces: il s’agit de vitraux montés sur caissons lumineux, qui ont été réalisés à partir de prises de vue photographiques d’écrans de télévision faites à l’occasion de rendez-vous fixés avec d’autres artistes, souvent ses aînés, tel jour, telle heure, telle minute, telle seconde. Le «top» de cette prise de vue est donné par l’artiste invité. La «recapturation» d’une image de la chaine télévisée la plus regardée dans le pays où se trouve l’artiste, ainsi que la première phrase entendue par lui sur cette même chaine, constituent le matériel de chacun des Diachromes. Des films de ces rendez-vous au rituel clairement établi sont également réalisés par un «témoin», et témoignent de ces opérations de coupe dans le flux télévisuel: ils construisent peu à peu, à l’encontre de l’improbable mémoire événementielle, une fragile banque de souvenirs qui ne sont collectifs que parce qu’ils sont partagés. «L’histoire est un cauchemar dont j’essaye de m’éveiller» écrivait James Joyce, et Ghyslain Bertholon met en oeuvre ce non-programme politique en taillant dans les remugles cathodiques d’où il fait surgir ses haïkus lumineux, épinglés sur (et par) des courbes temporelles complices (celle du spectateur de l’oeuvre étant la dernière).

Comment j’ai tué le temps (2008) est une oeuvre nouvelle qui prend acte de la séparation définitive du temps et du mouvement mécanique dans les horloges contemporaines. A la gravité des poids qui liaient le mouvement mécanique des aiguilles à la pesanteur terrestre et au mouvement cosmique, s’est substituée l’apesanteur insaisissable des satellites, flottant au dessus de nos têtes.

A cette installation, il ajoutera quelques oeuvres murales qui l’inscrivent dans le temps d’une biographie dont il sait bien qu’elle ne peut être que fictionnelle mais qui devient, par cette prise de conscience même, véritablement humaine.

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