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Un rocher tombe entre les arbres

PMaxime Thieffine
@12 Jan 2008

Entre figuration et abstraction, les peintures à la gouache de Marielle Paul proposent une vision du paysage raffinée et enfantine à la fois, aussi bien gourmande dans ses coloris que légère dans ses compositions.

Marielle Paul travaille des motifs paysagers composés en strates de couleurs pures appliquées à la gouache gourmande (peu diluée) partant de marrons au bas de la composition pour arriver au bleu ou au rose en passant par des ondulations de verts, ocres, et jaunes.

Si l’image ne recouvre pas la totalité de la surface de la feuille, c’est que le coup de brosse et la zone colorée définissent la limite de la représentation. Sans ligne d’horizon, ces images-médaillons flottent sur la feuille de papier. A la manière de marie-louises, les réserves autour du motif font de ces vues des représentations non finies, des ébauches, des rêveries paysagères et colorées, entre abstraction et figuration.
En cela proche des dessins sur plaque d’acier découpée de Tom Wesselman, l’image n’est pas cadrée comme au travers d’une fenêtre, mais elle est un tracé. Pas tant une image, donc, qu’une vision inscrite.

Ces paysages mentaux et hors du temps contemporain (sans routes ni détails précis qui permettraient de les localiser ou de les dater) font remonter des souvenirs d’autres paysages peints, en particulier la gamme colorée de Félix Vallotton et la grammaire formelle des Nabis. Les à-plats de couleurs massifs qui ramènent les fonds vers l’avant, et l’inversent en assouplissant la perspective, sont affiliés bien sûr à Van Gogh et aux Hockney les plus récents.

Si cette peinture remonte à des modèles anciens, c’est surtout une remontée intérieure dans un temps intérieur qu’elle opère. Marielle Paul semble chercher le geste enfantin et scolaire (sans péjoration) de la découverte de la couleur et des plaisirs qu’entraîne le geste de leur application sur la feuille.
Elle réactive cette sensation de la peinture et de la vision de l’enfant du XXe siècle, celui qui a été élevé au coloriage, à l’illustration, à la peinture en tube, aux papiers découpés et aux dessins animés.

D’autres oeuvres glissent parfois plus volontiers du coté de l’abstraction décorative, par superposition de trames et de motifs répétés, sans pour autant aller sur le terrain de la tapisserie. Là les formes et les couleurs y sont plus organiques ou évocatrices de matériaux textiles. Le geste manuel reste toujours clair et ses approximations fournissent des variations dans le même.

Marielle Paul
— Paysage brésilien, 2004. Gouache sur papier. 61 x 76,5 cm.
— Le Grand Fleuve à perte de vue, 2006. Gouache sur papier. 24 x 32 cm.
— Paysage tramé, 2006. Gouache sur papier. 30 x 42 cm.
— Paysage rose, 2006. Gouache sur papier. 30 x 42 cm.

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