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Un regard libre

09 Mar - 24 Avr 2011
Vernissage le 09 Mar 2011

Photographe autodidacte, Antanas Sutkus a construit son oeuvre sous le régime communiste. Déjouant les pièges de la censure politique comme ceux de l’anecdote, il décrit la vie de tous les jours d’une manière juste, tendre et ironique parfois.

Antanas Sutkus
Un regard libre

Le Château d’Eau présente la plus grande rétrospective du travail d’Antanas Sutkus avec près de 170 photographies réparties sur l’ensemble des galeries. Lituanien né en 1939, Antanas Sutkus est considéré comme l’un des plus grands photographes de l’ex Union soviétique.

Photographe autodidacte, il a construit son oeuvre sous le régime communiste. Déjouant les pièges de la censure politique comme ceux de l’anecdote, il décrit la vie de tous les jours d’une manière juste, tendre, ironique parfois, toujours forte dans une écriture vive, rétives aux systèmes et aux influences.

Antanas Sutkus, souvent considéré comme photographe humaniste, n’est cependant ni un Robert Doisneau, ni un Henri Cartier-Bresson. Il promène son oeil malicieux sur ses congénères mais ne se contente pas de monter leur quotidien et ne se perd pas pas dans les pièges de la géométrie.

Alors que ses compatriotes se laissent aller aux influences du réalisme socialiste soviétique, Antanas Sutkus, lui, fait “autrement”: ses cadrages, toujours variées, sont à la fois construits et spontanés, il s’accorde même des accidents.

Comme le dit si bien Ben Lewis, «il y a des images et il y a des contre-images. Une contre-image est produite comme un acte de résistance contre une image dominante, officielle et publique.

La vaste archive d’Antanas Sutkus comportant 700.000 photographies autour de la vie quotidienne de la Lituanie communiste entre 1956 et 1989, est l’une des plus importantes librairies au monde de contre-images jamais produite. Chaque photographie de Sutkus est, pour paraphraser Orwell, « une mince contre-révolution », un acte d’opposition contre l’idéologie visuelle de l’état.»

Pour un public actuel, il sera parfois difficile de voir ce qui failli causer beaucoup d’ennui à Antanas Sutkus qui échappa de peu à la prison. Ce sont souvent de simples détails qui vont à l’encontre des règles érigées par la propagande soviétique: des gens en haillons, un petit pionnier qui ne sourit pas, des ouvriers qui se reposent… cependant chaque image recèle un peu de subversivité teintée de la douceur du regard de ce grand photographe.

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