ÉCHOS
01 Jan 2002

Un nouvel espace pour l’éco-design.

Comment faire le lien entre pratique artistique et développement durable? La galerie Acabas, nouvel espace parisien dédié au mobilier contemporain, propose des objets entièrement conçus à partir de matériaux recyclables. L’occasion pour créateurs et acheteurs de faire rimer luxe et écologie.

Par Coline Arnaud

Imaginée par un designer, un botaniste et un directeur commercial, Acabas est à l’image de ses créateurs, un savant mélange d’art, d’écologie et… de luxe. Ouvert en novembre 2007, ce nouvel espace situé dans le IIIeme arrondissement parisien a pour objectif de promouvoir mobilier et objets décoratifs conçus à partir de matières brutes. Choisis pour leurs formes particulières ou leurs couleurs étonnantes, ces matériaux révèlent un monde végétal et minéral dont la beauté sobre surprend. A cette ligne épurée répond une série plus fonctionnelle basée sur l’association insolite de ces essences naturelles et de supports industriels. Les couteaux en lames de tronçonneuse de Gilles Esteves côtoient les tables en bois-pagaie et en acier galvanisé de Pierre Demonchaux, réunissant ainsi nature et artifice autour d’un même concept esthétique.
 
Une seule contrainte à respecter pour les créateurs désirant collaborer à ce projet : utiliser des matériaux environnementaux. L’espace parisien ne laisse aucun détail de côté. Chaque collection intègre une reconversion intelligente de ces substances recyclables, et les opérations de collecte des matières végétales se font dans d’anciennes zones d’exploitations forestières, sous le contrôle de l’Office national des Forêts. La galerie souhaite ainsi promouvoir l’Eco-design en s’inscrivant dans un projet de développement durable.

Mais cette ambition a des conséquences, dont celle de produire les objets à très peu d’exemplaires. Pas de standardisation, pas de productions en série.  La galerie, qui préfère volontiers le nom de showroom, met un point d’honneur à éviter une diffusion de masse qui effacerait les prix élevés associés aux objets rares. Á ces raisons économiques s’ajoute une démarche plus naturaliste, qui ambitionne de faire du design un art par lequel l’homme redécouvre son environnement.

Ces aspirations écologiques, en adéquation parfaite avec les préoccupations actuelles, contribuent néanmoins à relancer le débat sur le coût élevé de ces produits, qui restreint considérablement les possibilités d’accès au plus grand nombre. Constatation qui semble quelque peu contradictoire avec les injonctions pressantes des acteurs politiques qui souhaiteraient que chaque citoyen intègre la sauvegarde de la planète dans son quotidien.

En circulant entre les tables basses en lianes sauvages et les arbres-bibliothèques en acier galvanisé patiné, on se prend néanmoins à rêver, juste un instant… Et si cette belle initiative constituait un premier pas vers un éco-design plus démocratique ?

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