LIVRES

Umwelt

Communiqué de presse
Maguy Marin
Umwelt

20H30, 2004, reprise, 9 danseurs
— Conception : Maguy Marin
— Musique originale : Denis Mariotte
— Lumières : Alexandre Beneteaud, Denis Mariotte
— Costumes : Cathy Ray assistée de Chantal Cloupet, Aurora Van Dorsselaer

Saluée par la critique comme une pièce magistrale, Umwelt, créée en novembre 2004 a cependant suscité de vives réactions de la part du public. Cette reprise est un acte de conviction envers l’oeuvre et la démarche de Maguy Marin qui, de May B à aujourd’hui, a gardé intacte la force du mouvement. Les réactions sont liées au travail poétique et passionné entrepris par la chorégraphe, à l’engagement qui caractérise son parcours artistique et la puissance de son écriture.

Dans Umwelt, la chorégraphe revient sur la notion d’épuisement qui hantait déjà May B (1981), pièce emblématique de la danse des années 1980, inspirée de l’oeuvre de Samuel Beckett. Mais alors que celle-ci restituait l’écho d’une humanité immergée dans l’absurdité du monde et son ressassement, Umwelt, créé vingt-trois ans plus tard, écarte l’idée même de lien social.

La partition chorégraphique imaginée par Maguy Marin et ses complices artistiques, accorde la musique de Denis Mariotte à la lancinante déclinaison d’une quarantaine de postures mathématiquement réglées et interprétées par les danseurs. Scandée par de multiples microactions, dont l’ordre semble aléatoire, la composition affirme un autre type d’écriture minimale et répétitive où se reflètent les emblèmes de la post-modernité, mais plus encore les grands enjeux sociaux d’aujourd’hui.

Umwelt conjugue apparitions et disparitions en d’incessantes métamorphoses dont la virtuosité échappe au regard qui n’en suit que la marche infinie. Mécanique brève et complexe du quotidien composée de travestissements multiples, de trajectoires et de rencontres. Alors que les corps s’érodent au son électrique des guitares abandonnées à l’avant-scène, les objets ordinaires, vite utilisés et rejetés, recouvrent peu à peu le sol.

Cette chevauchée sur la brèche du temps provoque d’étranges sensations. Des gestes répétitifs et pourtant imprévisibles des danseurs surgissent des images fantastiques, mystérieuses, surréalistes. Palette d’émotions contradictoires où les corps anonymes qui peuplent Umwelt sont d’abord porteurs d’une vision politique du monde. Profondément ancrée dans les palpitations de l’actualité, la partition consume tous ses possibles jusqu’à l’anéantissement.

Comment chercher ensemble le chemin le plus direct pour nommer ce qui nous meut ? Tout l’oeuvre de Maguy Marin est traversé par cette constante.
En allemand, Umwelt signifie littéralement « monde autour ». En prenant ce titre et la notion qu’il recouvre, la chorégraphe met en scène, dans un orage assourdissant, un questionnement philosophique. Anomalie sauvage, cette pièce nous parle de résistance, de multitude et de singularité. Autrement dit, peut-être, de la réalité vivante du changement.