ART | CRITIQUE

Twinkles

PLeïla Elyaakabi
@19 Avr 2011

Miss Van est de retour à la galerie Magda Danysz, où elle expose ses célèbres portraits de femmes aux silhouettes et à la moue suggestives. Signe de maturation, elle a fait évoluer le stéréotype de la femme enfant faussement sage, vers une ré-interprétation de la femme comme objet du désir.

Avec pour thèmes récurrents le cirque, le spectacle et le burlesque, Miss Van revient à la galerie Magda Danysz pour présenter ses portraits de jeunes femmes à l’attrait érotique. S’inspirant d’une peinture plus classique, elle donne à son sujet une interprétation plus profonde. La femme est, chez elle, toujours séduisante, fidèle au même canon de la beauté: cheveux ondulés, bouche en cÅ“ur et formes arrondies. La technique a permis de rendre des matières sensuelles comme le velours, les couleurs chaudes d’appuyer l’érotisme, et le thème du spectacle de mettre en scène une femme parée d’artifices.

Lovées dans des canapés de velours, posant entre un feuillage luxuriant ou manipulant le feu, les portraits masqués des séries «Twinkles» et «Mascaras» sont imprégnées d’esprit baroque. Avec ces femmes fatales au regard oblique qu’on devine derrière un masque ou sous un chapeau, on découvre des maîtresses à l’attitude lascive et autoritaire. Elles enlacent dans leurs bras des cochons qui, non sans ironie et mépris, symbolisent l’homme victime de la séduction féminine et de son propre désir. Interprétation érotique de contes populaires, les cochons se jettent dans la gueule du loup.

Dangereuse, la femme fatale apparaît sur fond de ténèbres, identifiée aux figures de la nuit, comme le loup, le hibou et le sorcière, dont elle porte le masque ou prend la posture. Si elle s’approprie des attributs masculins, bâton ou faux bec allongé, c’est pour mieux asseoir sa domination, qu’elle n’assume a contrario qu’en étant masquée.
La mise en scène mystérieuse, la dualité du masque viennent brouiller les pistes, troubler les esprits, et ainsi soumettre le spectateur. A travers les rideaux ouverts, sommes-nous invités dans la loge d’une comédienne ou dans le boudoir d’une courtisane?

Une autre série met en scène la femme dans un univers burlesque aux couleurs pastel. Visage masqué ou maquillé à outrance, elle se fait ludique. Elle est au cÅ“ur d’une mise en scène où la tenue et l’attirail circassiens lui confèrent un aspect spectaculaire, fantasmatique. L’air capricieux ou dominateur, elle s’exhibe dans un jeu qui semble innocent, mais qui prête à la séduction et à l’interprétation érotique, comme dans Still a Little Magic où l’animal saute à travers des cerceaux enflammés brandis par la dompteuse.

Miss Van présente une femme forte de son pouvoir de séduction mais dont le masque camoufle les émotions, tandis que le maquillage burlesque en exagère l’expression. L’artiste transpose là le paradoxe du clown: faisant fi de ses émotions, il procure l’amusement et le plaisir au spectateur. Déclinés sur plusieurs portraits, la grimace et les artifices débordants du clown désamorcent voire caricaturent l’érotisme à outrance de ses figures.

— Miss Van, Twinkles 11 (Dos cerdos), 2010. Acrylic sur papier. 76 x 56 cm.
— Miss Van, Stolen heart 5, 2010. Acrylic sur papier. 107 x 67 cm.
— Miss Van, Twinkles 2 (Tumbada), 2010. Acrylic sur papier. 80 x 72 cm.
— Miss Van, Twinkles 10 (Dos cerditos), 2010. Acrylic sur papier. 56 x 76 cm.
— Miss Van, Twinkles 1 (Retrato), 2010. Acrylic sur papier. 70 x 60 cm.

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