ART | CRITIQUE

Twelve Semipaintings Done in a Very Fast Way

PMarguerite Pilven
@12 Jan 2008

Douze jours avant le début de son exposition, douze toiles vierges fournies par la galerie attendent l’artiste. Le peintre Nedko Solakov n’a commencé aucun des travaux qui seront présentés au vernissage. L’artiste se réserve le droit de n’en faire qu’à sa tête, tant pis pour la presse et les collectionneurs pressés, il n’y aura ni preview ni communication de visuels.

A la façon d’un prélude ou d’une ouverture, la première toile lève le rideau sur la démarche particulière que s’est assignée l’artiste. «This is the beginning of the twelve semipaintings done in a very fast way» lit-on. Taches de peinture et mélanges colorés parsèment également la toile, la faisant ressembler à une palette.

Le gracieux petit portrait qui apparaît dès la seconde toile aiguille d’emblée le regard. Les mots qui le cernent nous renseignent : il s’agit de la femme de l’artiste, venue lui rendre visite. Suite à une dispute conjugale survenue le matin même, et dans le désir de restaurer un lien complice, il lui demande de poser, puis de participer à la réalisation du tableau.
La ligne ondulée d’un bleu mer qu’elle appose distraitement fera finalement figure de leitmotiv, mue par l’imagination du peintre en devenirs multiples. Moustache, vagues et rubans bleus traversent comme un fil la succession journalière des tableaux.

La vie de l’artiste, les anecdotes qui la ponctuent infléchiront donc le travail. Les intrigues se succèdent. Ballottage d’un petit bonhomme lunatique d’abord pendu à sa bile noire puis prenant son envol à la queue d’un grand ballon solaire, migration d’une famille de nuages fatiguée ou compétition de trois vagues devant un jury… L’imagination de Solakov s’emballe et on ne sait qui du dessin qui du texte mène la barque.

Fantasques, les improvisations de l’artiste semblent cependant puiser aux sources de ses humeurs du moment. Les rappels de couleurs et de formes relient entre elles ces saynètes qui en décrivent les inflexions au quotidien. On est projeté dans un espace mental où figures et mots se déploient librement sur le blanc de la toile.

Point de monumentalité ni de virtuosité excessive, Solakov n’a pas besoin d’en faire des tonnes. Plus proches du dessin que de la peinture, les tableaux ont cette fulgurance du jeu de mots ou du trait d’esprit. L’intelligence de l’œil et de la main s’y conjugue.

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