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Tumbleweed

Malgré ses défauts — le titre, affiché, comme c’est souvent le cas, en anglais, alors que son équivalent, en langue d’oï, donne « virevoltant », mot bien plus joliet qui a en outre l’avantage d’avoir pour racine « volte », autrement dit une danse d’oc ou provençale ; le costume un peu kitsch, surtout pour quelqu’un qui voudrait se situer dans le champ du « contemporain » ; une gestuelle réduite au minimum syndical, le solo se laisse voir. Tout simplement parce qu’il est clair et parfaitement écrit.

Si l’on excepte, tant qu’on y est, le finale un peu trop expressif (ou expressionniste) d’après nous, les parties sont cohérentes et, en tous les cas, bien amenées. Dosées comme il faut. On passe ainsi, en finesse, de l’immobilité à de très légers dodelinements de la tête et de roulades arrière en douceur à des manèges enchanteurs, qui font toujours leur effet sur les spectateurs.

Quelques gestes simples, n’exigeant aucune virtuosité de la part de l’interprète: quelques équilibres sur une jambe, des tours et des allers-retours, un ersatz de « pointing » avec les index dirigés vers le ciel ou vers la terre, les petits poings rageurs, serrés, prêts à en découdre — histoire de rappeler que nous sommes toujours dans la problématique des « Petites Formes cousues » qui sert de point de départ et de ralliement aux participants du festival éphémère.

Des thèmes de jazz-rock à l’ancienne, agréables, chaleureux, qui apportent de l’eau aux moulinets de la danseuse. Qui sont, qu’on le veuille ou non, en synchronie avec le mouvement. La musique la porte, la supporte et la poussera à se « libérer » ou à se « lâcher » en deuxième partie.

L’ouverture des fenêtres et le fait d’intégrer la lumière du jour dans la présentation méritent d’être signalés et d’être portés également au crédit de la chorégraphe.

Le décor est sans doute chiche, puisqu’il est réduit à une banderole ou à une paperolle à l’aspect japonisant. On baigne dans le blanc, celui de l’éclairage naturel et de la robe de la mariée à lacets. Celui aussi du maquillage qui rappelle les grimages des acteurs de kabuki ou les replâtrages des héros du butô. Le blanc, en orient, peut d’ailleurs être signe de deuil.

Après des circonvolutions qui ont laissé leurs traces farineuses sur le tapis de sol de la salle, la danseuse se retrouvera, à un certain moment, allongée sur le dos, les jambes écartées, les bras en croix. La bannière immaculée sera dès lors mise en berne.

Après avoir ranimé la flamme et hissé les couleurs, Mlle Lapostolle transbahutera son fanion et le mât métallique qui va avec, côté jardin. Puis elle disparaîtra, derrière le rideau du fond, qui est… complètement noir.

— Conception et interprétation: Mathilde Lapostolle