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Tropical gift

10 Sep - 09 Nov 2013
Vernissage le 10 Sep 2013

Christian Lutz s’est introduit dans l’univers clos du monde des affaires du pétrole et du gaz au Nigeria et nous livre un essai photographique dans lequel il dresse un constat amer des rapports de forces inégales entre les dominants et les dominés et dépeint un tableau sombre de l’exploitation d’un sous sol africain très riche.

Christian Lutz
Tropical gift

L’œuvre de Christian Lutz se situe à la lisière du reportage et du documentaire. Reportage parce qu’il s’applique à couvrir consciencieusement des états actuels du monde, et documentaire parce qu’il inscrit cette démarche dans une vision globale. Il y décrit les rapports du pouvoir et de la politique à travers la série «Protokoll » (montrée au Bleu du ciel en 2009), les rapports du pouvoir et de l’économique avec «Tropical Gift» et enfin ceux du pouvoir et du religieux à travers «In Jesus’ name».

Le photographe a réuni ces trois ensembles dans une «trilogie» présentée au Musée de l’Elysée l’été dernier. Il y confirme l’engagement d’une vision qui, sans se placer dans une optique militante, aborde néanmoins des réalités socio-politiques de manière crue et sans concessions.

Christian Lutz aime scénariser les sujets qu’il couvre en recréant une narration dans l’editing final afin de donner à sa sensibilité visuelle sa plus forte expression. «Tropical Gift» se présente donc comme un constat édifiant d’un aspect de la réalité nigériane actuelle où les pilleurs d’or noir en quête d’enrichissement démesuré, qu’ils soient étrangers ou autochtones, détruisent la faune et la flore proche des gisements de gaz et de pétrole, au mépris total de l’environnement humain. Son regard incisif révèle un sentiment malsain découlant de l’impact des intérêts économiques sur les populations civiles.

La photographie de Lutz confronte deux univers: celui des dominants dans leurs riches propriétés parfois entourées de barbelés, et celui de leurs victimes indirectes, délaissées au sein de paysages pollués; s’affirmant avec autant de puissance et d’ intransigeance que le ferait un discours engagé. Véritable pensée visuelle en mouvement, elle se passe d’explications ou d’analyses a postériori; se suffisant à elle-même. En témoignent ces portraits bouleversants d’êtres abandonnés, saisis dans leur désarroi interrogateur et muet, au sein de ces territoires urbains défaits et noircis.

Ces portraits suffisent à dénoncer, dans leur dépouillement magistral, toute l’injustice de leur condition. Ce climat évoque parfois l’esprit du roman noir, si il ne relevait pas de la représentation brut d’une réalité triviale, bien au delà du désespoir.
Gilles Verneret

Vernissage
Mardi 10 septembre 2013 à 18h30

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