ART

Tree Huts

PLaura Houeix
@02 Juin 2008

A la fois mystérieuses et poétiques, les Tree Huts de Tadashi Kawamata,  se sont installés dans les recoins de la galerie Kamel Mennour. De petits cocons de bois, entre construction animale et architecture humaine, qui forcent à prendre, un peu de hauteur.

Les œuvres ne se trouvent pas toujours là où on les attendrait. Juchés comme des nids d’oiseaux dans les recoins de la galerie Kamel Mennour, les Tree Huts de Tadashi Kawata, miradors de bois, de fenêtres et de portes bricolées, force le regard à ne plus se comporter comme dans une exposition traditionnelle.

Ici, c’est à la fois la forêt, le monde des lilliputiens, un micro village aérien, où, chaque habitat communique avec son voisin. Cabanes de bois comme autant de souvenirs de l’enfance, promontoires d’où l’on observe scrupuleusement les passants, nids douillets et protégés qui viennent s’agripper aux angles de la galerie, comme de petites toiles d’araignées, soigneusement construites pour abriter, et vivre en paix.
Ces logements de bois semblent tenir en lévitation, pas de gros œuvre apparent, juste quelques clous, des planches coupées, quelques vis, une construction primitive et rudimentaire venue se pelotonner tout naturellement dans les murs.

Loin de l’agitation d’en bas, hors de portée des prédateurs en tout genre qui se tortillent et courbent la nuque pour observer ces petits refuges comme une découverte de la nature, les Tree Huts sont tout à la fois indépendants et semblent affirmer leur identité, leur mode de vie marginal.

A la verticale comme à l’horizontale, Tadashi Kawamata créé de fragiles espaces d’où le monde se regarde autrement. Cache secrète de l’exposition, alvéole de la reine ou chapelle de ce village de bois, un des bureaux de la galerie est devenu bric-à-brac, fourre tout organisé, entassant planches de bois, fenêtres brisées, montant de portes, le tout tenant aux murs par une opération relevant du saint esprit.
Comme un lieu de recueillement, la pièce maîtresse ne s’expose que si on la trouve, dans un recoin encore bien plus improbable et caché que les petites cabanes qui la précèdent. A la fois intérieur et extérieur, ouverture et fermeture, cette alcôve force au calme et à la méditation, aux murmures d’église, comme aux bruits de la nature. Dans cet apparent désordre règne pourtant une rigueur géométrique, les rectangles de portes, planches et fenêtres se superposent en mille feuilles, brindille après brindille, le nid se construit.

Matériaux de base, ordinaires, vieillis par le temps et les accidents, laissés bruts, certains portent encore leur code barre, tous sont le symboles de l’habitat fragile et précaire. Ces greffons dans et sur le bâtiment de la galerie, rappellent combien le fait de construire est archaïque et millénaire, toujours dans l’espoir de protéger sa famille, son foyer, toujours sujet aux prédations.
En obligeant le spectateur à migrer d’une pièce à l’autre, Tadashi Kawamata, impose son rythme, celui de la marche tranquille, de la migration d’un habitat à un autre, celui du regard qui s’acclimate à de nouveaux points de vue.

Tadashi Kawamata
Tree Huts, 2008. Installations : bois, tôle, fenêtre, porte. Dimensions variables.

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