ART | CRITIQUE

Traversées

PSylvie Rousselle-Tellier
@12 Jan 2008

Une promenade au travers du temps et de l’espace, un louvoiement entre le texte qui occupe une place que le dessin ne peut plus prendre, et qui accompagne l’errance.

« Des fourmis dessinaient un spectaculaire ruban, à peine sinueux, de quelques centimètres de largeur seulement mais ininterrompu du sol au toit » raconte Etienne Pressager dans le livre 15 images choisies. Ce récit paraît toujours d’actualité au vu de cette exposition. Chaque dessin paraît « révélé » partiellement, sous forme de ruban, comme si le passage des fourmis avait fait apparaître l’image. Des indications écrites bordent le dessin.

Trajet de bas en haut, de gauche à droite… 19h33 le mur lisse du n°43, 19h47 les colombages et le bout de la fenêtre du n°45, 20h19 le bas des fenêtres du n°47, 20h38 les colombages du n°49.

Trajet du proche au lointain dans Relais TV du plateau de Malzeville. Nous louvoyons ainsi au travers de différents plans. « Un ruban plus ou moins long et plus ou moins sinueux représentant une portion de spectacle », ou « promenade des yeux dans un paysage », voilà comment l’artiste qualifie ce ruban dessiné. Il pointe par ce trajet visuel certains détails du paysage, mais il met surtout en évidence la promenade, le fil, la continuité par le rail, le fil électrifié, la gouttière, etc.

C’est aussi une promenade du dessous vers le dessus, de l’intérieur vers l’extérieur, un passage d’un milieu à un autre et vice et versa.

Ce n’est pas un dessin mais un parcours, une histoire : 15h06, deux vaches qui broutent en avant de la colline ; 15h10, l’herbe ; 15h11, le ciel ; 15h34, le ciel au-dessus du bosquet.

C’est une promenade au travers du temps et de l’espace, un louvoiement entre le texte. Celui-ci prend une place que le dessin ne peut plus occuper, et dirige donc d’une certaine manière cette errance.

Etienne Pressager
— Traversées, 2002-2003. Aquarelle et crayon sur papier gris-vert. Suite de 52 planches. 48 x 64 cm chaque.

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