LIVRES

Traquandi

Entretien de l’artiste photographe Gérard Traquandi par Didier Semin et nouvelle de Frédéric Valabrègue accompagnent une œuvre aux larges aplats inspirée par la nature.

— Éditeur(s) : Arles, Actes Sud / Lyon, Le Rectangle
— Année : 2002
— Format : 28 x 22 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs
— Page(s) : 143
— Langue(s) : français, anglais
— ISBN : 2-7427-3589-5
— Prix : 38 €

À égale distance de deux préjugés
préface de Laurent Gaudin

« Atteindre les objets eux-mêmes, en ce qu’ils sont, par-delà les représentations qui en sont couramment diffusées. » (Philippe Dagen, catalogue Gérard Traquandi, musée de Gap, 1999)

Né à Marseille en 1952, Gérard Traquandi n’a de cesse d’interroger la pratique picturale par l’exploration de différentes techniques, dans un va-et-vient constant de l’extérieur à l’atelier. Il développe ainsi, depuis le début des années quatre-vingt et durant plus de quinze ans, un travail multiple, utilisant une grande variété de supports: dessin, aquarelle, gravure, collage, inclusion d’objets, photographie… mais dont les finalités restent toujours centrées sur les questions liées à la représentation. Ainsi, il aborde successivement les genres, apparemment épuisés, que sont la nature morte, le portrait, le paysage…

Après s’être confronté à la photographie au milieu des années quatre-vingt-dix, par la réinterprétation de procédés photographiques du XIXe siècle, les tirages résino-pigmentypes, Gérard Traquandi retourne aux tableaux et s’engage dès lors frontalement dans cette voie de la peinture, gravissant les sommets les uns après les autres.

À la recherche de rencontres toujours plus intenses avec la nature, le végétal et le minéral, il s’adonne à de longues marches dans les massifs alpins, du Queyras, de la Grave… d’où il prélève, dans un face-à-face avec le réel, des situations et des sensations qui, de retour à l’atelier, sont le point de départ, le référent sensible lui permettant d’accéder à une autre réalité, à un autre rapport de force, celui du tableau.

Il s’est donné pour objectif et ambition non pas de représenter un sujet par la reproduction de ses caractéristiques d’identification, mais de tenter, par le truchement du tableau, par le jeu des effets sensoriels et psychologiques que produit la combinaison des formes, des matières, du mouvement et des couleurs, de provoquer une expérience qui ne soit pas seulement optique ou théorique, mais d’ordre phénoménologique. Les tableaux de Traquandi dédenchent pour celui qui les contemple un ensemble d’émotions, d’idées, de perceptions au plus proche des sujets, où la dimension intuitive, sensible et physique est omniprésente, où l’artiste restitue une double expérience, celle du choc éprouvé face à la nature et celle déclenchée dans les processus de fabrication des peintures.

C’est à cette confrontation physique, où sensualité et plaisirs esthétiques se conjuguent, que nous invitent les trois expositions de Lyon, organisées à l’initiative du Rectangle, centre d’art en collaboration avec la galerie Confluence(s) de I’IUFM et la galerie Georges Verney-Carron. C’est une expérience du même ordre que nous propose cet ouvrage en réunissant la reproduction en grand format des travaux les plus récents de l’artiste, le catalogue des peintures réalisées depuis 1996, un entretien avec Didier Semin, et Montagne, une nouvelle commandée à Frédéric Valabrègue qui, plutôt que d’aborder la pratique et l’oeuvre de Traquandi par l’application d’une grille d’analyse critique, nous convie par la narration à croiser les chemins de l’artiste.

(Publié avec l’aimable autorisation des éditions Actes sud)