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Traces du sacré

En prolongement de l’exposition-événement «Traces du sacré», le Centre Pompidou publie sous la direction de Mark Alizart un important catalogue, dont les nombreux essais (voir le sommaire !) tentent de clarifier cette notion de résidus d’un sentiment de sacré dans l’art, de Caspar David Friedrich à Anish Kapoor.

Information

Présentation
Sous la direction de Mark Alizart
Traces du sacré

Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition «Traces du sacré», présentée au Centre Pompidou, à Paris, du 7 mai au 11 août 2008, puis au Haus der Kunst de Munich du 19 septembre 2008 au 11 janvier 2009. Les commissaires de l’exposition à Paris sont Jean de Loisy et Angela Lampe.

Extrait de l’introduction de Jean de Loisy, «Face à ce qui se dérobe»

«L’interprétation de l’histoire de l’art du XXe siècle s’est constituée sous les auspices du culte solaire et laïc de l’impressionnisme. Or, du prétendu abandon du sujet par Édouard Manet à l’invention du all-over par Claude Monet, ce que l’on retient de ces pionniers fut plus une conquête optique qu’une aventure spirituelle. C’est en fonction de cette filiation que furent interprétées les évolutions successives de l’art dans une logique qui devait conduire des Nymphéas au monochrome. Cette généalogie a été bâtie à partir d’une rationalisation formelle, voire formaliste, des œuvres, alors que les grandes ruptures de l’aventure moderne de l’art ont moins été produites par une réflexion sur les formes que par une méditation sur le monde. Comme un secret de famille dissimulé sous les apparences d’une fable convenable, le sacré — ou plutôt ce qu’il en subsiste après l’essor et le déclin des monothéismes dont les règles structuraient notre société, les traces du sacré donc — a pourtant constitué une force majeure agissant sur la créativité de nombreux artistes. Cette autre histoire n’est pas la seule possible.

Elle est cependant d’une richesse qui décourage l’exhaustivité. On ne peut procéder que par coups de projecteurs en laissant dans l’ombre des moments ou des créateurs pourtant déterminants. Néanmoins, quelques faits essentiels caractérisent le phénomène que l’exposition tente de faire apparaître : le rôle crucial des crises spirituelles qui marquèrent l’Occident dans la constitution des formes modernes.»