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Toxytt

PLéa Bismuth
@18 Sep 2008

Cheyco Leidman aime à pervertir ce qu’il voit grâce à la photographie, à déformer pour mieux construire sa vision apocalyptique du monde…

 

«Ce sont des drogués, des sans abris, des criminels, des prostituées, des transsexuels, ce sont tous les acteurs d’une pièce de théâtre incroyablement acide». Tels sont les mots qui invitent à entrer dans le livre de Cheyco Leidmann publié aux éditions La Martinière et dont on peut voir les photographies dans la grande salle de la galerie.

Comme son titre l’indique, le monde de cet artiste est toxique, tout simplement irrespirable… Ses images photographiques sont des images d’enfer comme cette femme à l’abondante poitrine siliconée, à la tête d’oiseau et aux jambes de poulpes. Cette femme n’existe que par le montage d’éléments qui suggèrent la confusion des règnes et des ordres ; et l’on ne sait pas très bien pourquoi, mais son être assemblé dérange le regard, l’horrifie en le saisissant.

Cheyco Leidmann aime à parler d’une «Toxytt City», ville infernale toute droit sortie d’une imagerie de science-fiction. Les créatures qui peuplent cette ville décadente, cet univers nauséabond, ne sont autres que des figures de perdition dont la représentation allie bien souvent le sexe et la mort, le fantasme des images de consommation et ses détritus les plus dégoûtants.

Ces images fantastiques font autant référence à certaines images d’un Max Ernst qu’à L’Enfer de Jérôme Bosch. Il y a là une tentative de mise à mal de l’organisation du corps et du visage humain. Le monde de Cheyco Leidmann est dégénérescent, sans espoir de rémission.

Cependant, il suffit de descendre les quelques marches de la galerie pour découvrir un tout autre Cheyco Leidmann, à travers des œuvres antérieures, datant des années 1980. En effet, ce sont des photographies de plus petit format, aux couleurs plus acidulées et davantage ancrées dans une Amérique réaliste.
Cheyco Leidmann y dévoile des motels, des caravanes, une société américaine middle class faisant quelque peu penser à David Lynch. Il y a là quelque chose de plus subtile, de plus suggéré.
On en vient à se demander si l’image de la banalité n’est pas, au fond, beaucoup plus monstrueuse ?

Publication
Toxytt, éd. La Martinière, 273 images en couleur, 300 pages. 29 x 31 cm.

Cheyco Leidmann
Série Toxytt :
— Mag 82 toxytt. Impression jet d’encre sur papier photo. 110 x 169,6 cm.
— Wamb 4. Impression jet d’encre sur papier photo. 110 x 146 cm.
— Wamb 116. Tirage photo/diasec. 110 x 165  cm.
— Wamb 91. Impression jet d’encre sur papier photo. 146,5  x 166 cm.
 
Série Sex is blue :
— Mag 14 sex. Impression jet d’encre sur papier photo. 110 x 170 cm.

 

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