ART | EXPO COLLECTIVE

Tombe la neige

13 Déc - 17 Jan 2004
Vernissage le 13 Déc 2003

Quatre artistes pour une expo hivernale: Anthony Goicolea: invitation à marcher le long d’une photo de glaciers; Sven Kroner: peintures de montagnes aux dimensions extraordinaires; Walter Niedermayr: photos de paysages hivernaux à peine visible; Sara Rossi: vidéos d’un champ de bataille enneigé.

Anthony Goicolea, Sven Kroner, Walter Niedermayr, Sara Rossi
Tombe la neige

La galerie Anne de Villepoix présente l’exposition «Tombe la neige» qui réunit quatre artistes d’horizons différents: Anthony Goicolea, Sven Kroner, Walter Niedermayr, et Sara Rossi. Ils utilisent, chacun à leur manière et avec leur propre style, des media différents pour représenter la neige. Quelques jours avant la date officielle de la saison hivernale, l’exposition présente des œuvres dont les vues monumentales et spectaculaires nous transportent dans un monde irréel.
Anthony Goicolea (né en 1971) est essentiellement connu pour ses vidéos où il se met en scène. C’est lors de ces tournages qu’il découvre, et s’intéresse de plus en plus au paysage et à la nature qui l’entoure, où il abolit toute présence humaine. La majorité de ses paysages sont mis en scène, puis digitalement manipulés: ils sont la reproduction d’un paysage réel, mais, grâce à la modification technique, ils deviennent scène de contes de fée, de fables ou de mythologies. Dans la photographie Snowscape, l’artiste invite le spectateur à marcher le long de la photographie, afin de la lire entièrement (l’image mesure environ sept mètres de long). La scène rassemble trois paysages de glacier en une seule narration sur le thème de l’hiver. L’artiste s’inspire du Sublime, tendance de la peinture américaine au XIXème siècle. Ses photographies utilisent l’esthétique et la beauté inhérentes à la nature et au Sublime, ce qui permet à l’artiste de produire des scènes «exagérément» pastorales.

Sven Kroner (né en 1973) a débuté sa carrière de peintre en reproduisant des scènes banales liées au thème des vacances: vues de camping, villages de vacances ou vues d’autoroute. Puis, son travail a évolué vers la représentation de scènes de montagne. Il introduit des effets spectaculaires de catastrophes naturelles, comme les avalanches. La perspective erronée — les pentes sont représentées de façon plus abrupte — et le choix du point de vue — parfois celui d’un oiseau en vol — donnent aux peintures une sensation de vertige.
Certains détails sont parfois omis (les fenêtres des chalets) ou au contraire d’une extrême précision (traces de ski dans la neige). Les architectures et les personnages sont peints à la manière des bandes dessinées, alors qu’il aborde les zones de sapins et les surfaces de neige avec une manière picturale très traditionnelle : il utilise une gestuelle prononcée, ainsi qu’une peinture épaisse pour certaines parties du paysage, ce qui accentuent les effets atmosphériques.

Walter Niedermayr (né en 1952) s’intéresse au thème de la montagne depuis de nombreuses années. La montagne est parfois vide, parfois écrasée, parfois magnifiée par des ciels très présents, et ponctuée de signes linéaires comme des pylônes, des remonte-pentes, des skieurs, des routes, des habitations, des parkings, etc. Tous ces éléments semblent isolés dans d’immenses espaces. Cet aspect de grandeur et de monumentalité est renforcé par l’utilisation des formats: les diptyques et les triptyques sont une façon de retrouver une vue panoramique. Par ailleurs, les photographies apparaissent très pâles. Les couleurs claires semblent disparaître et rendent les objets presque invisibles. Son interprétation du réel, ainsi que la mise en scène, transporte le spectateur vers un autre monde, vers des territoires imaginaires.

Sara Rossi (née en 1970) utilise le médium de la vidéo, où elle extrait certaines images qui deviennent photographies. Elle puise son inspiration dans diverses périodes de l’histoire de l’art: les œuvres représentent fréquemment des scènes où les protagonistes sont des personnages de la Commedia dell’Arte. Les vidéos sont tournées en paysage et décor réel, mais une dimension de rêve ressurgit: l’utilisation des personnages historiques, la notion de temps suspendu et les mystères de la narration rendent l’atmosphère de son travail unique. La vidéo CZ représente un groupe de Polichinelle sur un champ de bataille enneigé: ils s’entretuent, s’écroulent au sol , morts, puis se relèvent et continuent la bataille. L’aspect inédit de la multitude de Polichinelle et l’improbabilité de l’action — mort, puis renaissance — produit un effet étrange et inattendu. L’atmosphère qui en ressort fait penser à des peintures anciennes, telles celles de Brueghel, Tiepolo ou Goya.

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