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Tobias Bernstrup

PProvoke, entre contestation et performance, la photographie au Japon 1960–1975
@12 Jan 2008

Dans un clip vidéo réalisé en image de synthèse une femme mélancolique et solitaire est confrontée à une ville déserte. En outre, un jeu vidéo d’aventure se déroule dans une grande tour d’architecture japonaise haute de 4000 étages…

Le travail exposé par Tobias Bernstrup au sous-sol de la galerie traite d’identité sexuelle, sous une forme virtuelle et renvoyant au double féminin de l’artiste.

Dans un clip vidéo réalisé en image de synthèse apparaît, après un long travelling dans une ville vidée de ses habitants, une femme habillée de cuir noir. Debout contre un mur, elle fixe la fenêtre donnant sur l’extérieur de l’immeuble. La pixellisation des traits du visage lui donne une expression mélancolique pleine de solitude, celle d’une personne dans l’attente d’une rencontre impossible. La musique est inspirée du courant cold-wave des années 80. Un style musical et une esthétique que partage pleinement Tobias Bernstrup.

L’artiste explore également l’interactivité dans un jeu d’aventure : une souris permet de glisser d’un espace à l’autre, de parcourir différents niveaux dans un projet architectural japonais nommé X-Seed 4000. Le nombre indique le caractère pharaonique de ce projet, la plus grande tour jamais réalisée. Le joueur dispose de plusieurs ascenseurs qui le conduisent soit à une impasse (la chute dans le vide), soit à l’étage intermédiaire et au dernier étage de la tour.

A l’étage intermédiaire, le joueur entre dans un espace  » écologique  » : du gazon, quelques terrains de tennis et, au centre, une fontaine d’eau claire. Tous ces éléments sont accessibles, mais dès qu’on tente de marcher sur le gazon, de se baigner dans le plan d’eau ou de courir avec le jogger qui tourne autour du jardin, une voix synthétique avertit le joueur qu’il n’est pas autorisé à circuler de cette façon dans ce lieu. L’architecture de l’ensemble est froide, voire inhospitalière, et l’accès à ce qui est ici considéré comme des éléments  » naturels  » est contrôlé. Le joueur n’a d’autres issues que de se rendre au dernier étage de la tour.

A cet altitude (4000 mètres !!!) l’étage est organisé comme une sorte de discothèque très haute de plafond, baignée par une lumière très crue, avec au centre du matériel de DJ. La gardienne de la table de mixage est une femme avec laquelle les échanges verbaux se limitent à une invitation à  » rester à jamais  » à cet endroit. En déclenchant les platines de disques, le joueur ouvre une porte donnant sur l’extérieur de la tour. S’il s’en approche, il ressent le froid qui pénètre la pièce. Il n’a plus qu’à sauter dans le vide et revenir au niveau 1 du jeu.

De ce parcours ludique, il ne reste qu’une sensation de vide. La chaleur humaine a cédé la place à une architecture grandiloquente et abstraite. La seule altérité possible est celle du reflet du joueur sur le sol brillant et propre de l’édifice.

Tobias Bernstrup
— XSEED-4000, 2003-2004. Jeu vidéo.

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