ART | EXPO

Through somnambular laws

22 Mar - 13 Mai 2012
Vernissage le 21 Mar 2012

Dans ces installations inspirées par la littérature ou le théâtre, imaginaire et réel n'ont plus lieu d'être distingués. Partageant une même fascination pour la puissance poétique du langage, les œuvres de cette exposition engagent effectivement leur visiteur à déambuler dans des espaces ponctués de dispositifs régis par des lois souterraines.

Élise Florenty et Marcel Türkowsky
Through somnambular laws

Élise Florenty et Marcel Türkowsky invitent leur spectateur à une immersion quasi schizophrénique, à travers la rencontre et l’échange de différents points de vue, où l’altérité est vécue dans une double affirmation: soi et l’autre, l’ego et l’ennemi, le vivant et le mort.
Ainsi, le temps semble suspendu, gelé entre explosion et immobilité. Des répétitions de mots et de gestes traduisent des pensées en proie au délire ou proche d’un état second, hantées par des figures légendaires ou ordinaires, en attente d’un mouvement, d’un réveil. Une sorte d’art de la résurrection, dans la mesure où les deux artistes suivent de près le précepte du dramaturge allemand Heiner Müller: «le dialogue avec les morts ne doit se rompre tant qu’ils n’ont pas rendu la part d’avenir qui a été enterrée avec eux.»

Les deux artistes cosignent également plusieurs nouveaux films. Holy Time In Eternity, Holy Eternity In Time, part à la recherche du comté imaginaire de Faulkner, Yoknapatawpha dans le Mississippi, où rivières, forêts et baraques se (dé)peuplent d’êtres et phénomènes oscillants entre normalité et surréalité, actualité et atemporalité.

A históira sem história (na hora da decisão), d’après une lettre de Lygia Clark et certains films de Glauber Rocha, suit la rencontre de deux hommes sur les rives brésiliennes: si l’un semble réanimer l’autre, c’est ce dernier qui se révèle être plus vivace dans la remémoration d’un idéal enfoui, d’une quête absolue, d’une révolte irrationnelle, qui le mène de façon consciente et répétée à sa perte.

Der Stillstand ist die Explosion, die Explosion der Stillstand (WIR der gefrorene Sturm) opère une traversée dans «un mur du temps». Les paroles – échangées par téléphone – sont des cut-up de textes poétiques et théoriques de Heiner Müller, et les images sont des close‐up d’une mosaïque datant de l’époque de la RDA qui représente la conquête de l’espace ou plutôt «une étoile éteinte sur laquelle une équipe de secours d’un autre temps ou d’un autre espace entendrait une voix et découvrirait un mort.»

Différents points de vue qui interrogent les «ruptures temporelles» se manifestant par l’irruption d’un monde dans un autre, d’un système dans un autre. Ils s’attardent sur des personnages complexes, souvent paradoxaux, tels des anti-héros anonymes, à la fois anti-sociaux (hors-la-loi) mais aussi indispensables à la société.

«Through Somnambular Laws» impose un processus de lecture au ralenti, et instaure une fluidité où imaginaire et réel n’ont pas lieu d’être distingués. Le duo mêle des éléments factuels à d’autres empruntés à la littérature, au cinéma, à la musique, au théâtre et à la chorégraphie, qu’ils font dialoguer par ricochets. Dans la dernière salle de l’exposition, ils proposent dans cette logique un espace performatif où s’affrontent les figures géométriques d’une pièce théâtrale de Beckett (Quad – un carré) et d’un ballet de Gurdjieff (la figure ésotérique de l‘Ennéagramme – une figure (gramma) à neuf (ennea) points). Tout comme dans leurs films et installations, les idées de déambulation (d’un point à un autre) et de déplacement (de soi à l’autre) aboutissent à un ensemble.

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