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Le britannique Simon Starling, lauréat 2005 du Turner Prize, conçoit au Mac/Val sa première grande exposition monographique en France. Ses œuvres sont exposées dans une salle blanche unique, à la scénographie dépouillée, rythmée par trois murs blancs autour desquels le visiteur peut circuler.

Le fondement du travail de Simon Starling est la création de ponts historiques, sociaux et culturels. L’artiste élabore des relations entre des fragments d’objets, fait jouer entre elles des idées et des valeurs existantes, crée des échos inattendus entre les évènements. La scénographie de l’exposition rejoint le fondement du travail de l’artiste, puisqu’elle facilite le déplacement des individus et souligne avec intelligence les échos entre les œuvres.

Les œuvres Rock Raft, Flaga ou encore Three White Desks portent en elles des histoires qui leur sont propres, dont Simon Starling est parvenu à décomposer et remodeler le contexte même.
L’œuvre Flaga est une Fiat 126 construite à Turin, customisée avec des pièces fabriquées et assemblées en Pologne, que Simon Starling expose accrochée au mur, telle un drapeau. Cette œuvre est la seule à être visible de n’importe quel endroit du parcours scénographique, ce qui lui confère une présence obsédante.

Three White Desks est la reproduction d’un pupitre conçu par Francis Bacon pour Patrick White (vers 1932), réalisée à Berlin par l’ébéniste Uwe Küttner.
Puis la reproduction de la reproduction du pupitre, réalisée à Sydney en Australie par l’ébéniste Charmian Watts en s’inspirant d’un fichier envoyé via un téléphone portable par Uwe Küttner depuis Berlin. Puis la Reproduction de la reproduction de la reproduction du même pupitre, réalisée à Londres par l’ébéniste George Gold en s’inspirant d’un fichier envoyé par e-mail par Charmian Watts depuis Sydney.
L’installation que met en place Simon Starling est une manière de se réapproprier le passé, de s’introduire dans un système a priori fermé. Ces trois bureaux sont présentés sur leurs caisses de voyages, en écho les uns aux autres.

Rockraft, œuvre exposée dans le dernier tiers du parcours scénographique, est né de deux voyages. Pour le premier, une tonne de pierres a été transportée sur dix-neuf kilomètres du quartier d’Avonmouth au centre ville de Bristol, en profitant uniquement de l’énergie générée par la deuxième plus forte marée mondiale. La pierre a fait un second voyage, virtuel celui-ci, lorsque ses formes ont été scannées, répliquées, puis exposées sur un socle construit selon les mêmes dimensions que celles de la plate-forme flottante d’origine.
En filigrane, Simon Starling livre une analyse de notre société, en mettant en lumière les conséquences écologiques, économiques et culturelles des déplacements et des voyages induits par la mondialisation.

L’œuvre Work, Made-Ready, for Kunsthalle Bern, présente une chaise refaite avec le métal d’un vélo et un vélo refait avec le métal d’une chaise. Il s’agit cette fois pour l’artiste de faire voyager la matière, d’un objet à un autre. Le vélo et la chaise sont exposés en vis-à-vis, séparés par une vitre. Cette œuvre profite de la scénographie intelligente de l’exposition, bâtie sur l’idée de transformation des objets, jouant avec l’image et son double.

Au final, Simon Starling transforme les matières, traverse les frontières comme les époques, reconfigurant simultanément l’Histoire et le quotidien. Il remplace les grands récits historiques par de l’aléatoire et autant de nouvelles hypothèses sur le réel.

A noter: Le Parc Saint Léger, Centre d’art contemporain, accueille le second volet de l’œuvre de Simon Starling du 20 septembre au 20 décembre 2009.

Simon Starling
— Flaga (1972-2000), 2002.
Silver Particle / Bronze (after Henry Moore), 2008.
Mirrored Wall Head, 2008.
Work, Made-ready, Kunsthalle Bern, 1997.
Three White Desks, 2008-2009.
Exposition, 2004.
Rockraft, D’Avonmouth au port de Bristol / Marée de printemps / 1er mai 2008, 2008.