ART | SPECTACLE

Le Viol de Lucrèce de Shakespeare

25 Avr - 21 Mai 2006

Marie-Louise Bischofberger adapte ce poème de William Shakespeare inspiré d’un fait divers ayant marqué la société romaine antique: le viol de Lucrèce par Tarquin.

Shakespeare
Le Viol de Lucrèce

Après Tite-Live et Ovide, et avant Benjamin Britten, Shakespeare s’empare d’un fait divers qui a marqué la société romaine antique: le viol de Lucrèce par Tarquin. Il y consacre un poème épique qu’il rédige, à la même époque que son Titus Andronicus, et dans lequel il donne la parole successivement aux deux protagonistes.
Tarquin scrute d’abord ses pulsions, ses obsessions et les décrit dans les moindres moments de son envie obsédante, puis Lucrèce face à Tarquin résiste par son discours et oblige son violeur à la bâillonner et à éteindre la bougie au moment du passage à l’acte.
Le crime commis elle fait, face à sa famille et à la société, l’analyse de sa situation avant de se suicider.

À la lecture de ce texte, qui alterne monologues et dialogues, on ne peut que ressentir les résonances avec ce qui fait souvent la une de nos journaux, ces viols individuels ou collectifs (tournantes ou viols utilisés comme arme politique). Dans une langue forte, fluide, d’une étrange beauté, Shakespeare dresse un tableau sans concession de la société patriarcale sans rien dissimuler de la place faite aux femmes considérées au mieux comme un bel objet, au pire comme un bien de consommation.

Cet extraordinaire poème dramatique nous fait entendre avec force aussi bien le discours du violeur qui agit, que celui de la femme à laquelle nous pouvons nous identifier jusque dans la terreur qui s’empare d’elle. Shakespeare nous entraîne dans son récit comme dans celui d’un crime et nous oblige à le regarder, d’abord séduit puis effrayé, comme si nos yeux passaient de la vision d’un tableau du Titien à celle d’un terrible dessin de Goya. Et résonnera longtemps sans doute dans la mémoire du spectateur le radicalisme effrayant des derniers mots que prononce Lucrèce avant de mourir:
«Non, non, nulle dame vivant après moi
Par mon excuse aura prétexte à s’excuser».

> Poème de William Shakespeare
>Adaptation Marie-Louise Bischofberger, avec Pascal Bongard et Rachida Brakni.

Infos pratiques
du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 15h30 (relâche lundi et jeudi)
T. 01 41 60 72 72
contact@MC93.com
8 à 23 euros.
English translation : Rose Marie Barrientos
Traducciòn española : Maï;té Diaz Gonzales

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