ART | CRITIQUE

The Wide Show

PClément Dirié
@12 Jan 2008

Glamour, kistch, démarche affichée d’entertainment, recherche absurde et/ou baroque, Kyupi Kyupi est, comme l’affirme le nom pimpant du groupe, une fête, une création en liberté, une sensation de légèreté.

On pénètre dans l’espace noir de projection. Au fond un podium reste de la performance du 18 mars intitulée Kyupi Kyupi Grand Kayo Show Super Mega Hits : première performance réalisée en dehors du Japon par le groupe Kyupi Kyupi, et première rencontre avec son univers protéiforme.
Sur la droite, un triple écran. Les Kyupi Kyupi font les choses en grand comme le révèlent le titre baroque et ronflant de la performance et celui des œuvres projetées quotidiennement : The Wide Show.

« Wide (large) Show » se réfère à la taille des écrans utilisés, mais il évoque surtout les émissions de variété japonaises composées de différents numéros à la chaîne.
Les vidéos proposent un cabaret d’images réelles et numériques, déjà diffusées à la télévision japonaise — The Vermillion Pleasure Night —, ou nouvelles — le Wide Show.

Une atmosphère fraîche et ludique se dégage de ces images aux couleurs pop, mêlées de graphismes, projetées sur une musique acidulée et entraînante.
Kyupi Kyupi, dont les membres viennent d’horizons différents, lutte contre une certaine morosité de la société contemporaine japonaise. Avec les armes de la création ils proposent un univers entre esthétique et contenu éthique.

Les influences combinées de l’animation et de la culture pop et populaire — Walt Disney, science fiction, mangas, comédie musicale —, les sketchs de Kyupi Kyupi offre par exemple une vision originale et singulière de la femme japonaise, principale héroïne des vidéos.
Six Singing Girls évoque les travaux domestiques, la bande-son rythmant les mouvements ménagers effectués par des « geishas » stéréotypées. Un triptyque musical du Wide Show met avec bonheur en scène une nymphette étudiante en pleine jouissance et des bimbos s’écrasant la poitrine contre des vitres ou des hublots sur le chant criard d’une chanteuse soul à la voix exagérément grave et hystérique.

Kyupi Kyupi est à la recherche d’une distance entre la folie contemporaine — Dr Phero est une séance de piqûres hystériques orchestrée par deux infirmières perverses — et la tradition des modèles japonais et occidentaux — Housewife’s Day et The Fuccon Family.

Glamour, kistch, démarche affichée d’entertainment, recherche absurde et/ou baroque, Kyupi Kyupi est, comme l’affirme le nom pimpant du groupe, une fête, une création en liberté, une sensation de légèreté.

Kyupi Kyupi
The Wide Show :
— Panoranoïa, 2002-2003. Vidéo.
— Dr Yakamoto, 1999-2003. Vidéo.
— Flower Sunday, 1999-2003. Vidéo.
— Spespe 2, 1997-2003. Vidéo.
— Endiny, 2003. . Vidéo.

The Vermillion Pleasure Night :
— Dr Phero, 2000. Vidéo.
— Opening, 2000. Vidéo.
— Housewife’s day, 2000. Vidéo.
— The Fuccon Family, 2000. Vidéo.
— Fire, 2000. Vidéo.
— Six singing girls, 2000. Vidéo.

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