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The White Building

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

The White Building, que présente Jean-Luc Vilmouth à la galerie Aline Vidal, combine installation et dessins autour de l’évocation d’une construction utopiste de Phnom Penh, au Cambodge, que ses habitants se sont réapproprié.

Artiste associé, dans les années 1980, à la Nouvelle Sculpture anglaise en raison de sa façon de faire œuvre à partir d’objets du quotidien, Vilmouth reprend cette démarche qui s’intéresse aux relations que l’objet entretient avec le monde.

L’invention est ici due aux habitants d’un bâtiment de Phnom Penh, construit dans les années 1960 par l’architecte cambodgien Van Molyvann «sur le modèle de l’utopie de la Cité radieuse» de Le Corbusier, et «dont la fonctionnalité a été laissée inachevé», puisque, selon Jean-Luc Vilmouth, «les évacuations et arrivées d’eau n’ont pas été installées, ni le système électrique».
L’absence de conduits d’eau et de système électrique a poussé ses 3000 occupants à greffer sur l’architecture des tubes de plastique bleus qui en animent la surface et donnent à l’ensemble l’aspect d’un organisme vivant et autonome, semblant «sortir de terre de manière naturelle, à l’image d’un réseau sanguin qui suinte sur les murs et nourrit le béton», envahi par une végétation verticale.

Le White Building montre les capacités de survie des êtres humains face à une architecture dont le projet utopiste a été détourné, et qui se retrouve ainsi déshumanisée. En écho, l’animation colorée obtenue grâce aux tuyaux, au linge séchant et à la végétation, vient contredire le précepte architectural moderne de la façade blanche… et le nom de l’édifice.

L’installation Model est une sorte de maquette du bâtiment, réalisée au moyen d’étagères blanches reprenant le plan d’ensemble, sur lesquelles des photographies, diapositives et vidéos représentent la vie quotidienne de la population, aux côtés de plantes en pot suggérant la verdure courant sur l’édifice.
Sur un mur, un dispositif intitulé The Name figure les mots «The White Building» inscrits grâce à des câbles électriques au bout desquels brillent des ampoules, comme une allusion aux installations électriques de fortune improvisées par les résidants.

En complément, une série de vingt dessins a été commandée par l’artiste à de jeunes étudiants de Phnom Penh: les seules couleurs, le bleu et le vert, sont là pour souligner l’importance des éléments vitaux infiltrés dans le béton.
Ces esquisses illustrent la beauté née du conflit entre architecture «radieuse» et contingences terrestres, et nous rappellent que l’architecture n’est rien sans l’homme. L’artiste rend hommage à l’ingéniosité, à la créativité et à la sociabilité des hommes face à un monde qui n’est pas fait pour eux.

Traducciòn española : Santiago Borja

Jean-Luc Vilmouth
— Model, 2006. Etagères, moniteurs vidéo, lecteurs Dvd, projecteur diapo, tubes néon, plantes, tapis, photos couleur. 870 x 100 x 100 cm.
— The Name, 2006. Câbles électriques, ampoules dépolies. 220 x 550 cm.
— Drawings, 2006. Vingt dessins (crayon noir, bleu et vert), une photo noir et blanc. 40 x 58 chaque.
— The New and the Old, 2006. Photo noir et blanc et photo couleur. 40 x 53 cm et 92 x 69 cm.

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