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The Village

02 Juin - 21 Juil 2012
Vernissage le 02 Juin 2012

Ces photos issues de la série «The Village», convoquent les notions d’identité et de masculinité, thèmes chers à Adi Nes. Réalisés dans la vallée de Jezreel, ces clichés se distinguent néanmoins de ce qu’aura pu produire le photographe jusque là, par sa mise en scène dans un paysage rural, et surtout, par sa référence à la tragédie grecque.

Adi Nes
The Village

Les prises de vues de cette série ont été réalisées dans la Vallée de Jezreel, un lieu éminemment important pour Israël, notamment évoqué dans plusieurs récits bibliques. Dans ses photographies méticuleusement composées, le village de fiction que crée Adi Nes est une métaphore de l’espoir et des contradictions du rêve sioniste. Les images pastorales sont imprégnées d’une tension sous-jacente. L’artiste dit: «Comme l’état d’Israël, ce village apparaît tel un microcosme à la veille de la tragédie. C’est le paysage d’une vallée idyllique, composé de larges perspectives, de champs verdoyants et d’arbres gorgés de fruits, mais sous-tendu par une tension palpable.»

Chacune des photographies semble se situer avant ou après le moment-clé, donnant ainsi au spectateur la liberté de toute interprétation. Adi Nes utilise des références aussi classiques que la tragédie ou le mythe, telles la dualité d’Apollon et de Dionysos, ou les allégories bien connues d’Orphée ou de la chèvre sacrificielle. Il implique les villageois dans une histoire épique faite d’isolement et d’utopie. Comme dans ses séries précédentes, il se réfère à l’histoire de l’art pour étudier l’identité israélienne, le patriotisme, les problèmes liés aux relations intergénérationnelles ainsi que les questions d’appartenance sexuelle.

Les photographies d’Adi Nes sont toujours des métaphores. Au premier abord, elles semblent s’intéresser à des questions liées aux conflits et aux tensions sociales vécues dans son Israël natal, mais elles peuvent être lues sous différents angles. La philosophie, la psychologie et d’autres sources culturelles enrichissent chaque œuvre de l’artiste.

La photographie du garçon au milieu d’un champ de citronniers est inspirée du Garçon conduisant un cheval (1906) de Pablo Picasso. Mais ce jeune homme à la peau mate symbolise aussi l’étranger et représente l’aliénation et l’altérité dans la société israélienne. Au milieu de tous ces cheveux clairs ou ces yeux bleus, il pourrait représenter l’arabe dans la société juive, ou l’immigrant juif séfarade par opposition aux Israéliens de naissance. Il incarne le fantasme de l’exclu cherchant désespérément à faire partie d’un groupe.

Cette aliénation, Adi Nes ne l’illustre pas uniquement dans sa pratique, il la vit aussi au jour le jour. Le thème central de son travail a toujours été l’identité, lui qui, homosexuel, a grandi à Kiryat Gat, issu d’une famille d’immigrés iraniens.

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