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The Vanishing

PMaud de La Forterie
@12 Jan 2008

Les photographies de Serge Leblon retracent un univers prolixe qui réunit sous le même chapiteau géométrie rigide et flou savamment orchestré. Entre rêve tangible et réalité vaporeuse, s’esquisse alors une singulière vision, peuplée de réminiscences spectrales de passants, d’inconnus ou encore de personnalités. Discrétion des petits riens qui en disent long.

Les images parlent quand les mots manquent. Clichés de femmes vues de dos, hiératiques. Seule leur chevelure s’agite, multipliant ainsi les effets de matières, de textures et les rapprochements inattendus. Fourrure, crinière, mode capillaire sont ici étroitement liées, juste le temps d’une image qui sous son apparente retenue s’émancipe en subtils codes visuels.

Ces codes, Serge Leblon les emploie avec parcimonie dans l’ensemble de ses réalisations, qu’il s’agisse de portraits d’inconnus, de personnages publics ou encore de scènes extraites de la réalité. Pour ces dernières, l’œil se fait viseur, s’exerçant sans craintes à déployer une absolue géométrie puisée dans une recherche de formes abstraites : rangée d’arbustes ondulants, scène d’extérieur agencée telle une toile colorée, la présence du photographe se fait distante.

Lorsque la lumière froide intervient à coups de néons ou de reflets divers, elle se décline principalement dans les lieux de passages et de transports urbains comme le métro, escalators ou encore halls d’entrée. Ici, les détails impriment leur présence sans se dévoiler, à l’image d’une pâle réverbération de voiture, d’un blême chatoiement d’un ongle maquillé.

Si le photographe délaisse les agencements rigoureusement construits, c’est pour mieux exercer l’utilisation d’un flou éthéré où rien n’est vraiment définitif ni même éphémère. Posé en arrière-plan, il souligne, à la manière des portraits psychologiques peints aux siècles précédents, les traits caractéristiques de telle ou telle personnalité. Immeubles parisiens pour Isabelle Huppert, nature éclatante pour Charlotte Gainsbourg.

Avant de se faire un nom dans la photographie de mode sans pour autant se plier à ses codes, Serge Leblon a fait ses armes dans le photoreportage. Maitrise de l’image capable de générer du sens, du spectaculaire et de l’information, rien n’est laissé au hasard. Bien au contraire, tout est indice : gros plan, présence, ombre portée, même ces évanescents portraits d’inconnus, au visage brouillé saisi dans un décor de banlieue américaine indéfinie tout droit issu des années 60. Albums de famille nourris de Polaroids, pages qui se tournent, femme aux allures de Jackie Kennedy. Temps qui passe et se rejoue sans cesse. Réminiscences communes perdues dans les méandres de notre mémoire : une mélancolie atemporelle à s’approprier.

Serge Leblon
— Série Sans titre, 2006-2007. Tirages couleur contrecollés sur PVC. 50 x 70 cm.

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