ART | EXPO

The Player | Mes vidéos, 91-95

28 Juil - 22 Août 2015
Vernissage le 28 Juil 2015

Pendant des années, Joël Bartoloméo a filmé son quotidien avec sa femme et ses enfants. A travers ces vidéos, l’artiste se dévoile, dévoile sa famille et joue avec ce que la norme maintient hors de vue. Au contraire de l’actuelle extimité, ce travail ne cherche pas à rendre une image maîtrisée mais à exposer l’intimité familiale sans fard.

Joël Bartoloméo
The Player Mes vidéos, 91-95

Pendant des années, l’artiste Joël Bartoloméo a filmé son quotidien avec sa femme et ses enfants. Drôle, violente, douce, amère: l’intimité familiale est exposée sans fard.

Après de nombreuses expériences d’autofilmage et d’exploration du corps dans l’art vidéo, on constate au début des années 1990 l’émergence en France d’un courant qui se nourrit de l’intime et du quotidien. La légèreté du caméscope — dont les artistes se sont tout de suite emparés dès la création du Portapak par Sony en 1965 — permet d’être particulièrement discret, réactif et prolifique dans la production. Joël Bartoloméo en est un exemple plus que parlant. Durant des années, la caméra a fait partie du quotidien de sa propre famille. Souvent posée dans un coin, elle enregistre en continu pendant que la vie suit son cours. Parfois remarquée, parfois oubliée, cadrant mal, elle capte l’ensemble des attitudes et comportements (détente, agacement, fatigue, nudité, cruauté, etc.) et ainsi que les sujets abordés (mort, insectes, expériences scientifiques…). En sorte d’ethnographe improvisé, Joël Bartoloméo a fait de sa famille le sujet d’une expérience: «réfléchir le monde à partir de ses formes les plus banales» (Mathilde Roman)

Datant de plus de 20 ans, ce travail a particulièrement marqué une époque où la délimitation entre sphère privée et sphère publique était encore claire. En 2001, la première téléréalité française filmait des gens 24h/24h dans leur quotidien; aujourd’hui les outils d’enregistrement et de partage du quotidien sont légion et la pratique de dévoiler son intimité est devenue si commune qu’elle est désormais qualifiée par le terme d’extimité.

Montrer de nouveau les vidéos de Joël Bartoloméo ce n’est pas revenir sur un travail qui serait précurseur d’un phénomène de société. Bien au contraire. Revoir (ou découvrir) aujourd’hui ce travail c’est encore faire l’expérience d’une démarche qui reste toujours aussi frappante. De la même manière que ses enfants qui, en introduction de la compilation, dévoilent leurs corps et jouent très spontanément avec, l’artiste se dévoile, dévoile sa famille et joue avec ce que la norme maintient hors de vue. Dans ces vidéos tout est «hors»: hors cadre, hors champ, hors de propos et résolument hors tendance. Au contraire de l’actuelle extimité, il ne cherchait pas à rendre une image maîtrisée, qu’elle soit idéalisée ou provocatrice.

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