ART | EXPO

The Player | Kids

03 Mar - 13 Juin 2015
Vernissage le 03 Mar 2015

Dans le cadre du programme The Player, le Frac présente les vidéos de trois artistes (Joost Conijn, Laurent Montaron et Pilvi Takala) autour du thème des enfants terribles. Ces œuvres véhiculent une vision à la fois séduisante et dérangeante de l’enfance: inconsciente liberté, conditionnement précoce et assumé, générosité intéressée, désœuvrement accablant, défi à la mort…

Joost Conijn, Laurent Montaron, Pilvi Takala
The Player – Kids

(Kids)
— Il n’y a pas plus traîtres qu’eux.
— Comment ça?
— Ils finissent toujours par devenir adultes. (Friedrich Wolfram Heubach)

Accidentellement, «The Player» — qui voulait être un programme dégagé de toute ligne directrice — s’est fait entraîner par des enfants terribles. L’arrogance et l’opportunisme de leurs potentiels sont d’autant plus séduisants qu’ils ne les suspectent pas: inconsciente liberté, conditionnement précoce et assumé, générosité intéressée, désœuvrement accablant, défi à la mort… Un riche panel de traîtres en devenir qui, au travers d’une cruelle symétrie, nous renvoie à notre condition (à l’épithète inversée) de terribles adultes.

Du 3 au 25 avril, la vidéo The Committee (2013-2014) de Pilvi Takala ouvrira le cycle de projection. Récompensée par un prix artistique (Emdash award), Pilvi Takala confie à un groupe d’enfants la mission de décider comment dépenser en l’argent perçu. En délégant cette décision, l’artiste voulait extraire ce prix de son contexte d’origine: une foire d’art contemporain. Le marché de l’art évacué, elle souhaitait voir quel type de notion de valeur émergerait. En parallèle, elle s’intéressait à l’organisation qu’adopterait ce groupe d’enfants face à cette situation inédite d’avoir la responsabilité partagée d’engager une somme importante: Quelles règles de fonctionnement? Quelle autonomie de pensée? Quelle relation au consensus? Quels modes d’expression?

Après avoir échangé sur des notions de pérennité, de partage, de charité, d’utilité pour la communauté; après avoir évacué les projets d’intérêt purement individuel; après avoir opté pour l’idée de créer plutôt que celle de consommer, les enfants s’accordent enfin. Ils vont produire un château gonflable (le Five Star Bouncy House). Mais non contents d’en dessiner le design, ils se mettent alors à penser son exploitation commerciale, développer des idées marketing et imaginer l’investissement des futurs profits.

Puis, du 28 avril au 13 mai, «The Player» présentera une vidéo de Laurent Montaron intitulée Rounded with a sleep (2006). En nouveaux Prospero, des adolescents jouent avec Ariel et Caliban, souffle de la vie et esprit de la mort. La bande erre dans la nature, accompagnée par le vent. Le désœuvrement est ponctué par un jeu, celui du foulard. Ils ne sont plus des enfants inconscients simplement curieux d’une découverte ludique. En pleine conscience de leurs actes, ils testent des frontières physiques, mentales, symboliques: de l’enfant à l’adulte, de l’éveil à l’évanouissement, du souffle au silence.

Enfin, du 26 mai au 13 juin, le cycle consacré aux enfants terribles s’achèvera avec la diffusion de la vidéo Siddieqa, Firdaus, Abdallah, Soelayman, Moestafa, Hawwa en Dzoel-kifl (2004) de Joost Conijn. Sept enfants, des frères et sœurs âgés de 3 à 14 ans, passent leurs journées livrées à eux-mêmes dans un terrain vague près des docks d’Amsterdam. On les suit au fil de leurs explorations quotidiennes, en totale liberté, ignorant toute convention sociale, toute conscience du danger et toute hygiène. Jouant, bricolant, volant, détruisant, ils sont dans l’action, faisant preuve de grandes capacités d’invention et de débrouillardise. Une vie à la marge livrée brute, sans esprit de dénonciation ni condescendance.

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