ART | EXPO

The Night of the Great Season

19 Fév - 11 Mai 2014
Vernissage le 18 Fév 2014

L'exposition présente une jeune génération d’artistes largement influencés par le surréalisme polonais et ses techniques. Leurs œuvres, souvent basées sur le hasard et le subconscient, sont empreintes de fantastique, de magie et d’imaginaire, d’une manière souvent sombre et parfois dérangeante.

Bruno Schulz, Tadeusz Kantor, Erna Rosenstein, Alina Szapocznikow, Agnieszka Polska, Jakub Julian Ziolkowski et Tomasz Kowalski
The Night of the Great Season

L’exposition «The Night of the Great Season» s’articule autour du surréalisme polonais, retraçant les influences historiques en art, théâtre et littérature de ce mouvement plutôt méconnu. Elle s’attache également à décrypter une tendance observée dès les années 2000, chez une jeune génération d’artistes polonais, à la fois influencés par les techniques des surréalistes du début du XXe siècle, telles que la représentation des rêves ou l’écriture automatique, et se plaçant en opposition avec les générations artistiques polonaises précédentes, celles de l’art critique et du réalisme des années 1990.

L’incipit de l’exposition présente des dessins de Bruno Schulz (1892–1942), artiste de l’avant-garde juive polonaise, qui combine un humour surréaliste à une attention réaliste aux détails, infusant son œuvre graphique et littéraire d’un sens aiguisé de la vie quotidienne. Assassiné en pleine rue par un officier nazi en 1942, il laissa derrière lui, des dizaines de dessins et de nouvelles. Le tracé poétique et mystérieux de sa plume comme de son crayon reflète une vie de village polonais d’avant-guerre où chaque élément semble avoir été transformé et glorifié en rêves par l’imagination de son auteur.

Les années de l’immédiat après-guerre sont marquées en Pologne par une nécessité de se détacher du souvenir traumatique de la Seconde Guerre Mondiale autant que de la rigidité du nouveau régime qui vient d’être instauré. C’est dans ce contexte que s’opère dans les milieux artistiques une fuite vers l’imaginaire, incarné par la formation du groupe de Cracovie, dont feront notamment partie Tadeusz Kantor et Erna Rosenstein. Personnalité majeure de la création polonaise de l’après-guerre, peintre, scénographe, poète, acteur, auteur de «happenings» proche de Dada, Tadeusz Kantor (1915-1990) acquit une renommée mondiale en tant qu’homme de théâtre. Son action théâtrale consista en une illustration visuelle des mécanismes de la mémoire aux travers de séquences successives d’images irréelles, de bribes de souvenirs, de scènes obsessionnelles et de situations absurdes, transformant personnages et objets au gré de son imaginaire.

D’origine juive polonaise, Erna Rosenstein (1913- 2004) a été très marquée par le concept de l’abject, cher à Georges Bataille. Ses œuvres graphiques évoquent un engagement féministe incluant corporalité, sensualité et sens de la différence, tout en évoquant l’écriture automatique. Le corps féminin et la tragédie de la Seconde Guerre Mondiale sont autant de thèmes développés par la sculptrice et photographe Alina Szapocznikow (1926–1973) qui élaborait des moulages de parties de corps transformés en objets du quotidien, exprimant un lignage avec l’importance du fétichisme érotique de l’objet chez les surréalistes, autant que ses sculptures et photographies rappellent la volonté de ces derniers de bousculer la hiérarchie du corps et de désorienter le spectateur face au statut de l’objet et de l’image.

Agnieszka Polska réalise des animations et des photographies qui sont des collages visuels d’images piochées dans des magazines d’art et des journaux des années 1960. Elle revisite souvent le modernisme polonais en recyclant des matériaux historiques et des photographies d’archives qu’elle transforme en travaux narratifs et mélancoliques. Sa série de photocollages Arton (2010), faisant référence à l’artiste conceptuel et performer polonais Wlodzimierz Borowski, figure un assemblage organique et presque fantastique de fragments d’éléments biologiques et d’élégantes sculptures faites de branches et de boue.

Enfin, l’exposition présente des tableaux et dessins des deux jeunes artistes polonais Jakub Julian Ziolkowski et Tomasz Kowalski. Le premier dépeint des paysages hallucinatoires à la végétation surnaturelle et aux figures humaines sombrement inquiétantes, proche de l’univers de Jérôme Bosch comme du grotesque de Robert Crumb. Le second manie la mise-en-abyme avec détail, en faisant référence aux mannequins et marionnettes de Schulz et Kantor, aux expériences enfantines et à la mémoire fragmentée.

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