ART | EXPO

The House of Marlon Brando

07 Mai - 18 Juin 2011
Vernissage le 07 Mai 2011

Adam McEwen choisit des objets du quotidien plus ou moins emblématiques de la société de consommation américaine et du capitalisme tardif qu’il reproduit à l'identique, ces objets devenant alors sans fonction, opérant désormais d'un point de vue sensoriel et symbolique.

Communiqué de presse
Adam McEwen
The House of Marlon Brando

Pour sa seconde exposition personnelle chez Art: Concept, Adam McEwen présente une nouvelle série de sculptures en graphite. La matière est l’élément fondamental qui relie les Å“uvres. Les volumes semblent provenir d’une seule et même matrice: la couleur, les surfaces et les textures sont homogènes.

Adam McEwen choisit des objets du quotidien plus ou moins emblématiques de la société de consommation américaine et du capitalisme tardif qu’il reproduit à l’identique (l’échelle et les moindres détails sont conservés). On se souvient du climatiseur, de la fontaine à eau et des néons, évocations implicites du contrôle de nos besoins vitaux. L’artiste a également réalisé une carte de crédit en graphite. Une vanité contemporaine qui dessine le portrait confidentiel et temporaire d’un collectionneur, du moins jusqu’à expiration de sa date de validité.

Aujourd’hui, Adam McEwen expose un distributeur automatique d’argent en graphite. Le modèle, «ATM cash machine», est celui que l’on trouve au coin de la rue et dans les commerces de proximité à New York: c’est un point de jonction qui incarne l’idée d’une transaction ultime où des données immatérielles sont échangées contre un autre type de bien, des billets, dont la valeur est tout aussi immatérielle.

L’escabeau de plastique sert habituellement à atteindre les livres rangés en haut d’une bibliothèque. Sa reproduction s’érige comme une prothèse potentielle, annonçant un changement physique et un espoir de grandir. Dans la deuxième salle est accroché un polyptique imitant la surface du bois. Le  panneau de contreplaqué rappelle autant la structure d’un tableau laissé vierge, que les planches utilisées pour obstruer les ouvertures des bâtiments inoccupés donnant sur la rue. Il suggère l’absence de représentation, mais aussi le rôle de la barrière visuelle et spatiale — deux critères qui se confondent d’ailleurs régulièrement dans l’espace public.

Du readymade aux Å“uvres de McEwen, seule la matière change, la forme de l’objet se retrouve simplement vectorisée puis extraite d’un bloc de graphite. Ces produits standardisés deviennent alors des objets sans fonction. Ils ont muté et opèrent maintenant d’un point de vue sensoriel et symbolique: comme des bornes de la représentation d’un système socio-économique qui se serait subitement figé. L’artiste commande ses sculptures à une entreprise qui fabrique aussi la partie basse des missiles. Une anecdote que McEwen aime évoquer rappelant au passage certaines propriétés du graphite, matériau de base du dessin qu’il applique à la sculpture. Ce  minéral allotropique du carbone permet de cultiver de nombreux paradoxes. Il participe de la ruine (l’objet littéralement carbonisé) et appartient à la même famille chimique qu’une ressource aussi précieuse que le diamant.

Peu importe la richesse du matériau puisque l’économie est réduite à néant, symboliquement les objets ne circulent plus, ils sont condensés et statiques remettant en cause tout système de valeur d’échange. Au-delà d’un certain pessimisme et de tout commentaire cynique, McEwen révèle cette tension entre la croyance en l’Å“uvre d’art et le scepticisme vis à vis de ce qu’elle délivre vraiment. «Nous attendons quelque chose de l’art, explique l’artiste, comme l’aura compactée d’une conscience de l’Å“uvre qui s’autosuffirait et qui nous transcenderait.» Les sculptures de McEwen ne sont pas des constats d’échec mais plutôt des monuments anti-nostalgiques — les formes d’un compressé et déjà lointain.

Vernissage
Samedi 7 mai. 18h-21h.

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