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The Game

PMaxence Alcalde
@12 Jan 2008

L’œuvre de l’anglo-jamaïcain Satch Hoyt est plurielle, elle entrecroise le jeu, les bandes son, la sculpture, le dessins, etc. L’enjeu est alors de s’émanciper du poids des racines et des invectives du «politiquement correct». 

Naître d’un couple mixte à la fin des années cinquante n’est pas chose facile. Satch Hoyt, tiraillé entre deux cultures (mère anglaise et père jamaïcain), aurait pu facilement jouer d’une sorte de flou identitaire. Au lieu de cela, il questionne les modalités d’un usage de l’universel à travers le métissage. L’enjeu est alors de s’émanciper du poids des racines et des invectives du «politiquement correct». Refusant à la fois l’universalisme béat et le communautarisme stérile, Hoyt tente de proposer des manières de s’arranger avec ce que nous sommes.

Inspiré à la fois par l’histoire de l’art, la musique et les phénomènes populaires comme le sport, l’œuvre de Hoyt est plurielle. On y parle de jeu, de bande son, de sculpture, de dessins, etc. Le tout de manière indifférenciée.

Avec In the Corner — sculpture intervenant comme un gimmick dans l’œuvre de l’artiste et qu’il a déjà proposée sous diverses versions (notamment à la Fiac 2004 sous le titre George Foreman from the Scenes «The DonKingDom») —, Hoyt invite le spectateur à monter sur le ring.
Une fois les gants de boxe enfilés, notre face à face avec l’automate-boxeur peut commencer. On hésite un peu à frapper sur cette sculpture (atavisme culturel oblige !), mais on se prend rapidement au jeu.
Chaque coup porté enclenche une bande son différente, tant et si bien qu’on oublie peu à peu que nous sommes là pour décharger notre surplus de testostérone. L’interactivité de l’œuvre prend le dessus: du sport nous passons au jeu, un jeu sans gagnant ni perdant, juste pour le plaisir.

S’il est jeu qui semble universellement partagé, c’est bien celui de dominos. Apparu en Chine, il s’est rapidement exporté en Europe, Afrique et Amérique au fil des croisements de populations.
Avec Domino Bodhi Tree, Hoyt rend hommage à ce jeu en confectionnant un monument composé de dominos noirs. Reprenant la forme d’un arbre (sans racines !) Domino Bodhi Tree fait aussi référence à la légende de Bouddha qui aurait atteint l’illumination après de longues médiations au pied d’un arbre.
La référence mystique est rapidement gommée par la bande son qui accompagne la sculpture. Bruyante, on y entend des voix d’hommes rythmées par le bruit si caractéristique de la manipulation des pièces de domino. On ne sait pas très bien dans quel coin du globe Hoyt nous emmène, mais une chose est sûre, c’est que l’on a affaire à de l’humain.

Traducciòn española : Santiago Borja 

Satch Hoyt
— Conversation with Goya n°9, 2003-2006. Technique mixte. 213 x 122 cm.
— The Count, 2006. Gouache et acrylique sur papier. 133 x 239 cm encadré.
— In the Corner, série : «The Donkingdom», 2002. Gants de boxe Everlast rouge, armature acier, ring et système audio. 210 x 120 x 155 cm (boxer), 147 x 300 x 300 cm (ring) ,50 x 50 x 35 cm (système audio).
— Kick It, 2006. Ballon : argent, bois, caoutchou , cristaux Swarovski ; socle : bronze. Ballon : 23 cm de diamètre ; socle : 22 x 25 x 30 cm.

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