ART | EXPO

The air was full of anticipation

13 Juin - 25 Juil 2015
Vernissage le 12 Juin 2015

Loin d’être un simple voyage, la pratique de la mobilité peut être considérée comme une expérience phénoménologique. L’exposition « The air was full of anticipation » à La BF15, explore les notions de mobilité qui traversent nos vies et qui tissent les nouveaux codes de sociabilité et d’existence, à travers le caractère temporel, performatif, relationnel et éphémère de la pratique artistique contemporaine.

Avec la participation de Rosa Lléo et de la 24e session de l’Ecole du Magasin

« Depuis début 2014, je sollicite des artistes qui questionnent le statut et les enjeux de l’œuvre et de l’exposition, leurs contextes, préceptes et tout ce qui en découle. Pour clore ce cycle, j’ai le plaisir d’inviter la commissaire Veronica Valentini, pour réfléchir ensemble aux nouveaux modes de commissariat et aux interactions entre les acteurs de l’art, ses différents espaces de diffusion et le public. » (Perrine Lacroix)

Nos sociétés contemporaines ont entamé un processus de redéfinition des notions de temps et d’espace, visant à identifier les changements survenus dans la relation entre les caractéristiques de la vie sociale et les figures individuelles et collectives qui les habitent. L’expérience humaine s’accomplie dans le temps et les dynamiques relationnelles sont placées dans un espace défini qui constitue son contexte. Par ailleurs notre mobilité constante (mobilitias en latin, facilité à se mouvoir ou à être mû) nous mène à reconsidérer les conditions dans lesquelles nous abordons le déplacement et à réévaluer les expériences des espaces que nous traversons.

Loin d’être un simple voyage, la pratique de la mobilité (bouger, se déplacer, être en mouvement) peut être considérée comme une expérience phénoménologique où l’identité est mise en contact avec l’altérité; comme un processus de transformation où les idées, les perceptions et les préjugés sont mis au défi, en tant que valeurs et ainsi en tant que processus d’enrichissement et connaissance. «Favoriser le mouvement (ne pas confondre mouvement et rapidité), c’est instaurer un autre rapport au temps de l’expérience où le chemin se dessine en marchant, où l’expérience, en particulier celle de la rencontre, est plus importante que la destination du voyage.» (Hugues Bazin)

« The air was full of anticipation » vise à explorer les notions de mobilité qui traversent nos vies et qui tissent les nouveaux codes de sociabilité et d’existence, à travers le caractère temporel, performatif, relationnel et éphémère de la pratique artistique contemporaine. L’exposition veut façonner le concept de l’espace de l’expérience comme expression d’une complexité caractérisée à la fois par la dissolution des limites artistiques et par l’environnement auquel les œuvres d’art en question prennent part, et donc établir un lien fructueux et point d’intersection entre les discours contemporains pluriels. En concevant l’espace d’exposition à la fois comme un lieu de travail de sociabilité,
«The air was full of anticipation» prend en compte les politiques de l’accueil et de l’entretien du lieu où seront rendus visibles les comportements qui l’habitent. Ce sont ces pratiques artistiques et métiers qui mettent en avant la production et un certain type de performativité et de quotidienneté, ainsi que des savoirs (-faire) et méthodes expérimentaux et alternatifs.

Le duo d’artistes Michel Aphesbero et Danielle Colomine créent en 1978 à Bordeaux, 4 Taxis, sous-titré «le magazine de la cambrousse internationale». 4 Taxis invente alors un mode de vie: vivre dans une ville étrangère pour y réaliser un travail dont le sujet est la ville, et la forme, une revue. Une pratique qui se prolonge par une série d’activités incluant éditions, installations, lectures et projet pédagogique: l’Atelier Pensée nomade, chose imprimée (1989-2013) pour l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, qui développe un mode d’enseignement mobile dans l’espace ouvert de l’art et son éducation.

L’œuvre de Camille Bondon se déploie dans l’énonciation de pensées et d’idées et dans la construction d’outils pour convoquer et installer des situations. Par le biais d’un jeu composé d’une réserve d’images où l’on pioche quotidiennement trois figures remises sur un paravent à l’interprétation du spectateur — malgré lui (à savoir le passant), l’œuvre Les signes du jour (2015) est une sorte d’horoscope ou prophétie auto-réalisatrice, dont on relève la réussite que lorsqu’elle se réalise. Les présages des activités à venir, ainsi que l’exercice de parole autour du titre de cette exposition, révèlent immanquablement des correspondances avec le temps présent.

Récemment diplômée en parfumerie, Julie C. Fortier poursuit une recherche expérimentale sur les odeurs et arômes, n’étant pas nécessairement des parfums agréables. Elle s’intéresse à leur puissance mnésique et affective et à leur capacité à transformer la perception de l’espace. Petrichor (2013), terme créé par des chercheurs australiens pour indiquer l’odeur particulière que prend la terre après la pluie, transfert l’odeur du terrain à l’espace d’exposition qui peut ensuite être diffusé par le spectateur qui la porte de manière à le rendre volatile.

Avec une pratique à mi-chemin entre art et design qui interroge les enjeux d’exposition et de production, les fauteuils Adada (2012) de Florence Doléac sont à la fois œuvres et produits servant au personnel et au public visitant l’exposition. Parfois incommodes, lorsque l’équipe s’y installe pour travailler, ces pièces tendent plutôt à se détendre, produisant ainsi des effets ambivalents chez l’utilisateur, court-circuitant son usage initial.

Lúa Coderch travaille à partir des histoires feintes et enquête sur la construction du désir, du courage, du charisme, et d’autres fictions, basées sur la légende de l’Eldorado, tout en réfléchissant sur l’économie spéculative actuelle. Gold (2014) est une vidéo qui recrée un des endroits fictifs du Pérou, par des objets ou des images trouvées dans son environnement immédiat, représentant ce paysage imaginaire. Une tentative de projeter des images d’une mémoire inexistante sera ainsi expérimentée dans la conférence-performance Until it make sense (2015) avec le recours d’un facilitateur graphique.

Poursuivant le principe de mise en œuvre — de propositions faites en déplacement, idée esquissée dans l’introduction — et selon les modalités des pratiques collaboratives, la commissaire Rosa Lléo est invitée à donner une autre perspective sur l’exposition. Pendant la période d’ouverture une rencontre publique fera l’objet de cette approche incluant des visites hors les murs avec les artistes du territoire et deux rencontres avec la 24e session de L’école du Magasin qui présente le projet radiophonique Take You There Radio.

Veronica Valentini

Vernissage
Vendredi 12 juin 2015 à 15h

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