ART | CRITIQUE

Teresita Fernàndez

Vernissage le 30 Oct 2010
PEmmanuel Posnic
@22 Nov 2010

Déjà plébiscitée outre-Atlantique, l'artiste américaine Teresita Fernàndez, qui n'est plus novice sur la scène européenne, expose pour la première fois en France. Elle a montre chez Almine Rech des pièces inédites, dans lesquelles s'exprime avec vigueur son intérêt pour une forme de nature souveraine.

Que voit-on dans son travail? D’abord un traitement abouti des matériaux en place. Le graphite, l’acier, le verre, tour à tour sculpté, brossé, découpé, plaqué contre des panneaux de bois (c’est le cas du premier) ou fixé à même le mur (pour les deux autres). Le graphite révèle des noirs intenses, brillants à la lumière, mats et opaques dans les aspérités des césures. Généreux lorsqu’il est étalé grossièrement, on le retrouve ailleurs ciselé comme de la dentelle. L’acier et le verre «subissent» le même traitement de choix.

Un profond respect de la matière donc, qui va de paire avec le sujet: la nature, toujours la nature. On y voit des blocs minéraux (le graphite se prêtant logiquement très bien à l’exercice de représentation) en contrepoint d’océans et de bords de plages déserts. Une sérénité affichée, un rythme qui se soumet au format des tableaux (un plan horizontal quand le tableau est horizontal). Ceux-ci, loin d’être désagréables à regarder, confinent pourtant au désintérêt croissant au fil des points de vue que Teresita Fernàndez exploite.
Nous sommes face à des marines, telles qu’on pouvait les peindre dans l’Angleterre de Constable ou dans les tourments romantiques du XIXe siècle (Nocturnal (Star Fall), 2010). Il n’y a guère que la lumière prise au piège de cette représentation illusionniste de la nature pour servir avec avantage la sensibilité de l’Américaine.

Les plaques d’acier poli découpé vont puiser leurs références dans la végétation luxuriante, celles des lierres et des fougères (série des Mirror, 2010) tandis que l’installation au miroir éclaté s’en tient par reflet à redéfinir l’espace de la galerie (Double dissolve, 2010). Ses pièces, toujours au contact d’une forme de représentation naturaliste, renvoie avec malice un regard sur le spectateur et son propre environnement: au jeu du regardeur-regardé, il est impossible de reconstituer une quelconque réalité puisque, paradoxalement, la découpe du miroir sert la forme plutôt que son double.

Lire la critique de l’exposition de Gavin Turk

— Teresita Fernàndez, Double dissolve, 2010. Cubes de verre argenté. 304,8 x 304,8 cm.
— Teresita Fernàndez, Mirror (Background), 2010. Acier inoxydable poli, émail. 118,11 x 179,07 x 7,62 cm.
— Teresita Fernàndez, Mirror (Trellis), 2010. Acier inoxydable poli, émail. 104,14 x 118,11 x 7,62 cm.
— Teresita Fernàndez, Nocturnal (Cinematic Pour 5), 2010. Graphite sur panneau
. 25,4 x 101,6 x 5,08 cm.
— Teresita Fernàndez, Nocturnal (Horizon Line), 2010. Graphite sur panneau. 182,88 x 365,76 x 5,08 cm.
— Teresita Fernàndez, Nocturnal (Stacked bands 4), 2010. Graphite sur panneau. 15,24 x 20,32 x 5,08 cm.
— Teresita Fernàndez, Nocturnal (Star fall), 2010. Graphite sur panneau. 243,84 x 182,88 x 5,08 cm.

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