ART | EXPO

Taste Rico

13 Oct - 22 Déc 2012
Vernissage le 12 Oct 2012

Bayrol Jimenez explore les cultures populaires au travers de dessins saturés de motifs et de couleurs et s’inspire notamment de la tradition mexicaine des peintures murales qui recouvrent les boutiques de figures issues de la culture populaire mexicaine.

Bayrol Jimenez
Taste Rico

La Station présente dans le même temps deux expositions. Celles-ci, «Pleins Pouvoirs, Septembre» de Marc Bauer et «Taste Rico» de Bayrol Jimenez, conçues indépendamment par les artistes, trouvent leur point commun dans le choix du médium: le dessin. Si leurs styles sont diamétralement opposés, un dialogue s’instaure néanmoins entre leurs deux univers par le biais du médium lui-même et des questions qu’il engendre chez eux. Tous deux mettent en scène leurs dessins, poussant leur pratique en dehors de la feuille pour l’amener sur le terrain de l’installation. Une façon de répondre aux questions suivantes: quelle est la charge narrative, symbolique, historique, sociale d’une image, en quoi la composition graphique peut-elle être le vecteur de cette charge et comment le dessin peut-il traduire une problématique plus large que son propre champ lexical?

Bayrol Jimenez s’inspire donc pour cette exposition de ces peintures murales qui promeuvent un commerce et embellissent une échoppe en reproduisant sur leurs façades les figures les plus populaires de la culture mexicaine moderne: célébrités, héros de télénovélas et de films cultes, personnages publicitaires, etc.

Ces images, dans lesquelles un véritable culte du corps beau et sain transparaît, sont peintes à la main par des amateurs, ce qui les rend maladroites et crée un décalage entre l’intention et sa réalisation. Sans le vouloir, ces artistes d’un jour parodient ces stéréotypes de pouvoir et de richesse par le traitement qu’ils leur prodiguent. Taste Rico est une expression usitée au Mexique qui mélange l’espagnol et l’anglais. Elle signifie que quelque chose a bon goût (un taco «taste rico», par exemple) mais désigne également une personne riche. Elle est surtout utilisée par les «chicanos» ou «pochos», ces immigrants faisant inlassablement des allers retours entre le Mexique et les Etats-Unis – et qui mélangent donc les deux langues.

Bayrol Jimenez a choisi pour illustrer cette expression de reproduire une photographie trouvée dans un magazine: elle représente un couple s’embrassant goulument. L’univers de la revue, qu’elle soit de mode ou à scandale, intéresse l’artiste pour la distorsion de la réalité qu’elle offre: perfection du corps et richesse d’un côté, faits-divers sordides et violence de l’autre; un prisme absurde et excessif à l’influence considérable. Le dessin fait également écho aux peintures murales suscitées: exécuté de manière délibérément maladroite, sur du papier et avec de la peinture de mauvaise qualité, il célèbre les peintres amateurs des rues de Mexico. Son exposition prendra la forme de grands dessins muraux qui intégreront des formats papiers peints à l’encre et à l’acrylique. «L’aisance de sa façon et la liberté du traitement formel donné à ses compositions puisent indéniablement certaines de leurs racines dans la tradition mexicaine d’un dessin virtuose, visuellement imposant et souvent empreint d’un commentaire social appuyé. […] Pourtant Bayrol Jiménez, sans doute soucieux de ne pas céder à une apparente facilité, semble vouloir pousser plus loin encore ces principes, vers une sorte de paroxysme faisant de la saturation de l’espace et du champ visuel l’une de ses marques de fabrique. […] Les compositions elles-mêmes ne sont pourtant pas en reste en termes de substance, qui apparaissent adeptes du mélange et de la superposition et voient se télescoper des motifs variés, voire parfois antagonistes… de prime abord seulement. Etroitement imbriquées, ces associations d’images et d’idées lui permettent d’établir des narrations, d’élaborer de véritables scenarii, presque des jeux de piste, qui néanmoins tendent à éviter un effet de révélation direct et immédiat, tant visuellement que dans la délivrance d’un quelconque message.» (Frédéric Bonnet, The Roads of Devotion, publication accompagnant l’exposition à la galerie Dukan Hourdequin, Paris, Mars-avril 2012)

Vernissage

Vendredi 12 octobre 2012

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