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Sympathy for the painting / L’objet comme désir






Le travail de Frédéric Vincent pourrait s’apparenter à l’éloge d’une période musicale révolue, à l’apologie fantasmatique d’icônes vivantes ou mortes qui persistent à exister à travers notre mémoire et leurs images devenues archives.

 

Les peintures, les distorsions de vinyles et les dessins de Frédéric Vincent oscillent entre mystification et démystification des nouvelles «idoles». On se demande si ce n’est pas une enquête musicale à travers les arts graphiques ou une recherche artistique à travers le support historico-musical.

 

D’un côté, avec les assemblages pochettes-peintures et ses dessins, Frédéric Vincent joue le rôle d’un briseur de fantasmes. En représentant la mort de nombreux artistes de manière simple et factuelle, il désacralise ces événements. Il rend les «idoles» plus humaines, plus simples aussi comme avec son assemblage de pochettes de Police, en insérant des bulles de parole. Présentant Sting pensant à une balle de tennis, il lui fait perdre son statut mythique pour le ramener au niveau d’une personne ordinaire.

 

De l’autre côté, Frédéric Vincent joue avec le vynil pour développer un langage porté sur la contemplation, l’espace cosmique. Il suggère et met en avant la propriété imaginative produite par la galette noire et ce qui entoure les «idoles-etoiles».

 

Au sous-sol, les installations de Rachel Labastié diffèrent sensiblement des œuvres de Frédéric Vincent.

 

La connivence entre le travail de Rachel Labastié et le spectateur s’établit autour du senti et du ressenti. Avec Spiritours-Fire Walking, une expérience physique propose une équivalence visuelle mimétique à la transcendance religieuse dans un lieu tout sauf sacré. En utilisant la réverbération de la lumière pour produire des «vitraux spectraux», Rachel Labastié conçoit un espace où l’illusion visuelle prend place sur la réactivation du rituel religieux.

 

Son avion en papier, Voyage vers l’éveil, fait de tracts et d’invitations à des séminaires pour le développement personnel, ressemble à un mirage prêt à décoller, et se situe dans une perspective illusoire et métaphorique. Contrairement aux avions de Wang-Du, celui de Rachel Labastié ne symbolise pas un combat contre les autres mais un développement de soi.

 

Malheureusement, l’espace trop restreint accordé à ces deux installations contrarie l’expérience subjective.

 

Alors que Frédéric Vincent vise à une remise à niveau, Rachel Labastié travaille pour une mise en éveil. L’un souffre d’une certaine impersonnalité, l’autre est plus sensible et dynamique.

 

Une remise en question pour un nouvel envol? Ou s’affranchir des idoles pour s’élever personnellement?






Rachel Labastié
— Bibliothèques du bonheur, 2009. Aquarelle. 56x76cm.
— Invitations, 2009. Aquarelle. 56x76cm.
— Spiritours, 2009. Technique mixte, 175x120x120cm.

Frédéric Vincent
— Série Disques, Colombia, 2009.  65x50cm. Disque et acrylique.
— Music memory, 2009. Pochettes de disques et 7 peintures acrylique.
— Johnny, 2009. Acrylique sur toile, 30x40cm.



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