DANSE | SPECTACLE

Le Grand Bain | Gameboy

30 Mar - 30 Mar 2018

Spectacle de danse contemporaine issu d'un projet participatif, Gameboy, du chorégraphe Sylvain Huc, s'empare de la question de la masculinité. Codes, conventions, attentes et degrés de liberté : une quinzaine de jeunes hommes, sur scène, questionnent la virilité contemporaine.

La caméra défile sur des jeunes hommes, au visage déformé par du ruban adhésif transparent. Voilà pour la courte présentation du projet chorégraphique de Sylvain Huc, Gameboy. C’est à la fois drôle et inquiétant. Comme le dytique de l’artiste britannique Douglas Gordon, Monster (1996). Soit une double photographie couleur dans laquelle Douglas Gordon posait deux fois : impassible, à gauche, et de façon tout aussi impassible, à droite. Mais avec le visage complètement remodelé par du ruban adhésif. Laissant ouverte la question de savoir de quel côté était le monstre. Simple, potache, efficace, drôle… C’est dans cette même veine que semble s’inscrire le projet participatif de Sylvain Huc, Gameboy. Une plongée dans la masculinité et ses attributs contemporains. Par la danse, Gameboy réfléchit ce qui fait la virilité actuelle. Pièce exclusivement masculine, les interprètes, sur scène, explorent et montrent un théâtre de corps, avec leurs forces, leurs fragilités, leur énergie.

Gameboy de Sylvain Huc (Cie Divergences) : les attributs de masculinité

La création du spectacle Gameboy, par Sylvain Huc, s’ancre dans un projet participatif. Articulé sous forme de workshop d’une semaine en milieu universitaire, la pièce est le fruit d’une réflexion collective autour de la virilité contemporaine. Initié à Toulouse en 2016, Gameboy y aura d’abord été conçu à onze points de vue, pour dix interprètes. Tandis que la présente représentation, à Roubaix, se joue à quatorze. Avec notamment trois des danseurs présents dès la genèse du projet. Sur scène, quatorze jeunes hommes (Roberto, Stefan, Medhi, Pavel, Carlos, Joseph, Adrià, Nathan, Victor, François, Elies, Rapsw, Guilhem, Max) s’emparent de l’espace du visible. Avec des corps figurés comme traversés de désirs, de frénésie, de tensions, de contradictions, d’abandons. Pour une exploration des rôles sociaux attribués à la masculinité, des codes auxquels se soumettre, ou non. Espace de jeu, d’appropriation ou de rejet, Gameboy offre un lieu de discussion en mouvement.

Typologie chorégraphique des virilités contemporaines : un jeu réflexif et mouvant

Ancien étudiant en histoire et histoire de l’art, le chorégraphe Sylvain Huc a également à son actif, la rédaction d’un essai d’anthropologie politique en histoire grecque. Autour de la « bestialité, sauvagerie et sexualité féminine en Grèce classique ». Le choix d’impliquer de jeunes hommes universitaires dans ce projet d’anthropologie chorégraphique donne une saveur particulière à cette ronde dansée. L’investigation de Gameboy scrute ainsi les gestes et intentions, dans un milieu où les attributs de la force physique sont parfois donnés comme étant moins puissants que ceux de la vigueur intellectuelle. Et arpentant ces champs de forces, ces champs de rapports de force, Gameboy déploie des danses pensées par des hommes. En exergue au projet, une phrase de Virginie Despentes : « les hommes aiment parler des femmes… ça leur évite de parler d’eux ». Pour Gameboy, au contraire, une quinzaine d’hommes livrent leur corps au crible de la danse et de regards.

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