DANSE | SPECTACLE

Sylphides

13 Oct - 15 Oct 2011

Emprisonnés dans des poches de latex sous vide, les interprètes de Sylphides expérimentent une forme de résurrection, et, ce faisant, interrogent une mythologie particulièrement féconde en danse.

François Chaignaud, Cecilia Bengolea
Sylphides

Qui s’interroge sur le travail quotidien du danseur contemporain trouvera dans le parcours de l’argentine Cecilia Bengolea et du français François Chaignaud des réponses originales.
Passés à la chorégraphie en 2007 après un parcours d’interprètes (pour Alain Buffard, Boris Charmatz, Yves-Noël Genod, Alice Chauchat ou Emmanuelle Huynh), Cecilia Bengolea et François Chaignaud appartiennent à une génération d’artistes qui se passionne autant pour les pratiques corporelles les plus interlopes que pour les techniques académiques: hulahoop, striptease, street-dances, voguing croisent chez eux danses expressionnistes des années 1930, art du ballet, danse anthropologique ou étude d’ouvrages historiques.
Il fallait sans doute au tandem une telle curiosité envers l’histoire des corps pour expérimenter un dispositif aussi contraignant que celui de Sylphides (2009): littéralement enfermés «sous vide» dans des sacs en latex, les danseurs évoluent au minimum de leurs fonctions vitales. Ainsi poussés au bord de l’asphyxie, ils évoquent ces êtres immatériels suspendus entre vie et mort, fantasme et réalité, qui ont tant dynamisé la création littéraire et chorégraphique des XVIIIe et XIXe siècles.
La figure de la sylphide apparaît aujourd’hui encore comme une clé et une énigme majeure de notre imaginaire. En posant la question de la matérialité du corps, de la vie après la mort et du rapport que l’on entretient avec les morts et leurs enveloppes corporelles, les sylphides interrogent certains des grands invariants de la pensée occidentale: le dualisme, le temps linéaire, le rationalisme…
Entre rite funéraire et amphidromie (fête de la naissance), Sylphides s’annonce comme une tentative littérale de réincarnation.
Grâce à un dispositif permettant de faire l’expérience de la suspension des fonctions vitales à leur minimum, François Chaignaud et Cecilia Bengolea tentent d’accéder à une nouvelle compréhension des corps et de leurs possibles anéantissements et renaissances.
Fidèles au canevas dramaturgique traditionnel, qui mène les sylphides de la léthargie à la renaissance, Cecilia Bengolea et François Chaignaud donnent un exemple raffiné de leur façon d’entrelacer figures antiques, réminiscences étincelantes, et épreuves corporelles proches du body art.

Conception: François Chaignaud et Cecilia Bengolea.
Avec Cecilia Bengolea, François Chaignaud, Chiara Gallerani, Marlene Monteiro Freitas
Lumière: Erik Houllier
Stylisme: Sothean Nhieim
Collaboration dramaturgique: Berno Odo Polzer
Remerciements à Lenio Kaklea, Donatien Veismann (pour la photographie), Maud Le Pladec,
Emma Kim Haghdal, Alex Jenkins avec l’aide de l’équipe technique du Quartz.
Avec le Festival d’Automne à Paris
www.festival-automne.com

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