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Swimming Pool

13 Sep - 31 Oct 2008
Vernissage le 13 Sep 2008

Le motif de la piscine permet une double lecture des oeuvres, une multitude d’interprétations, et derrière lui peut se cacher l’angoisse, le dérisoire ou l’infini. "Swimming Pool" invite à voir autrement.

Communiqué de presse
Leylagoor et Ann Guillaume, de Chloé Julien, d’Akroe, de Massimilano Marraffa, de Björn Hegardt, de Mathieu Renard et Twenteenth Century

Swimming Pool

Le thème est à la croisée d’une dénonciation de l’artificiel, du travail des fluides, des réminiscences d’enfant, d’une vision géométrique de l’architecture et de l’art (Hockney), d’une certaine vision du capitalisme à l’Américaine avec sa Sun Belt et son industrie du cinéma et enfin tout simplement d’une vision du bonheur.

À la sortie de l’été, il est intéressant de questionner cette notion, et de tenter de comprendre l’emprise qu’elle a sur nous et les mécanismes de cette emprise.

« Swimming Pool » regroupe les oeuvres de Leylagoor et Ann Guillaume, de Chloé Julien, d’Akroe, de Massimilano Marraffa, de Bjorn Hegardt, de Mathieu Renard et du collectif Twenteenth Century.

L’exposition a lieu dans la petite salle de la galerie du 13 septembre au 31 octobre 2008.

Les oeuvres de Chloé Julien, par des formes qui s’échappent et qui s’étirent, font alterner des zones de peinture diluée quasi-transparentes et d’autres beaucoup plus opaques où se concentrent leurs centres nerveux.

Sous ces couleurs pastelles, ces formes minimalistes et douces et cette composition simple se trament des situations douloureuses. Chloé Julien vient en permanence interroger la condition de ses personnages dans ce qu’elle a de grotesque et de somptueux.

Ces corps désespérés demeurent inachevés, en perpétuelle recherche intérieure, abandonnés à leur condition d’homme et de femme, tenus à distance par leur créatrice. Mais, dans cette exposition, un élément sépare le couple peint à l’aquarelle, un élément constitutif de la matière picturale : l’eau. L’eau les a créés et l’eau les sépare.

Les photographies-natures mortes de Massimiliano Marraffa explorent la durée, une « réalité fade dans ce qui l’épuise, l’ordinaire, le quotidien ». Mais rien de banal à cela, puisqu’il développe des clichés loin du foyer rassurant, de la chaumière familière et ne pose aucune trame narrative, aucun discours.

Son oeuvre ne se veut pas revendicative, mais propose de regarder l’habituel comme la part la plus étrange de nos vies communes. Enquête menée dans l’appartement : « j’ai zoomé sur les parasites : l’empreinte, le relief, la projection hors du bac, le dépôt… non pas pour mieux voir, mais pour voir autre chose ».

L’évier en taille réelle, découpé et présenté de cette façon perd de sa fonctionnalité, « autre chose » nous apparaît. Ce peut-être une piscine, réceptacle qui reçoit les eaux usées, « bassin artificiel », inquiétant « lieu de stockage de structures radioactives ».

Eaux souillées. Trace du passage de l’Homme. Radiographie du lieu. Pour Björn Hegardt, l’eau est avant tout un miroir. Reflet pour narcisse, elle devient lorsqu’elle est orientée vers un ciel étoilé, trou noir, infini carré, paradoxe entre la volonté très humaine de contrôler ce qui l’entoure et l’immensité de ce qu’il cherche à dominer.

Mais ce qui est avant tout mis en scène, à côté de ces piscines sans fond, ce sont ces plongeoirs, dérisoires instruments liant l’homme à l’infini. Figures de son imagination, cercles concentriques pascaliens. Les plongeoirs épurés, dont les contours francs lancent un défi à l’obscurité.

Akroe s’empare du volume de la piscine vide, le trou géométrique, le comble du déclin. Il s’empare de sa couleur très caractéristique, de ses lignes épurées, de la notion qu’elle peut donner du volume, et il va tenter de souligner la (non-)présence d’eau.

Car la piscine sans cet élément paraît nue, vulnérable, abandonnée. Si le mur de graph est souvent un lieu abandonné, la piscine, paraît presque plus abandonnée encore. Il dessinera une figure « camouflage », comme il aime les nommer, un symbole de cette eau qui manque, sur l’angle des parois de la piscine, comme pour en souligner la simple perspective, l’effet « boîte » de ce lieu.

Leylagoor et Ann Guillaume s’amusent à associer des éléments à la fois complémentaires et contradictoires et enrichissent sans cesse, par de nouvelles combinaisons, le lexique de leur univers commun. Ann Guillaume feint, par exemple, d’enraciner des éléments posés sur du rien, invente par là un sol au vide. Leylagoor y oppose des paysages flottants et déracinés.

L’espace vide, sublimé par les artistes, est un lieu d’hospitalité pour le spectateur, une porte ouverte à l’interprétation. Ce qui de prime abord paraît incompréhensible captive le regard, déclenche le désir de résoudre l’équation, lance le défi au spectateur de résoudre le mystère de l’imperceptible.

Les douze artistes qui composent le collectif Twenteenth Century, Saul Albert, Robin Priestley, Rory Macbeth, Lottie Child, Karin Andreasson, Leon Barker, Darren Phizacklea, Emily Wardill, Eleanor Brown, Nathan Barlex, Luca Bortolotti et Laura Lord, s’attachent à explorer la relation entre idéaux et réalité, notamment les divergences et les incongruités liées à la réalisation de ces idéaux.

A tendance ironique et provocateur, ici Twenteenth Century se moque de l’imaginaire social lié à la piscine, en agissant directement dans la réalité de ce lieu. L’action des artistes est explicite et vise à déranger l’idéal de bien-être et de bonheur rattaché à la piscine qui se veut aussi comme l’un des symboles d’une richesse capitaliste.

Ils cherchent donc, à démystifier l’image paradisiaque de la piscine véhiculée par les médias. Ils dénoncent ainsi une pérenne incompatibilité de ce qui est idéal et de ce qui en est l’expression réelle.

Mathieu Renard travaille sur le détournement et le parasitage d’images – photographies, illustrations – et de mots, leur conférant ainsi un nouveau sens et une nouvelle portée esthétique. Il incite également son spectateur à regarder les tics et stéréotypes de notre civilisation.

Ainsi cette oeuvre tirée de sa série « Fear », se compose de façon parodique, sur le modèle de la couverture du magazine américain « Life », et l’artiste y introduit un élément clairement perturbateur tel que la masse poilue et noire qui a remplacé un des membres de la famille.

On peut donc déceler dans cette image anti-idéalisée un portrait critique des dérives du rêve américain.

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