ART | CRITIQUE

Sweat

PMaxime Thieffine
@28 Juin 2008

Les artistes new-yorkaises Marilyn Minter et Mika Rottenberg s’associent pour une exposition d’été avant l’heure. Une atmosphère moite plane sur la galerie Laurent Godin, le temps d’une exploration plastique de la sueur...

Armpit, la première photographie de Marilyn Minter capture en gros plan une aisselle en sueur. Elle repousse et séduit à la fois par ses jeux de lumières: les gouttelettes de sueur brillent sous leur éclairage, produisant un effet esthétique troublant. Les deux extrémités de doigts aux ongles peints en vert ajoutent une touche de glamour à l’ensemble.

Glamour également, la photographie Shinola montre la moitié d’un visage de femme très maquillé de noir et de jaune, l’œil fermé et la bouche entr’ouverte. Cette pose lascive répond à celle de Pamela Anderson dans la photographie Pink Bra. L’artiste ayant recours cette fois au flou, les reflets de la lumière sur sa peau mouillée deviennent nébuleux. Les bulles flottantes finissent de nimber la photographie d’une atmosphère ouatée.

Si Marilyn Minter récuse la parenté de ses peintures avec celles des maîtres hyperréalistes Gerhard Richter et Chuck Close, à cause des gros plans qui les rapprochent de l’abstraction, Belly et Freckles sont suffisamment réalistes pour nous tenir à distance. La première représente un nombril étrangement rouge et la seconde, une épaule couverte de taches de rousseur habillée d’une bretelle rose, les deux en sueur, toujours.

Le malaise de cette manifestation du corps qui bout, perd son contrôle et déborde, transpire des images. On éprouve même l’odeur, grâce à l’esthétique de Marilyn Minter : constatant que «ses modèles ont meilleure allure lorsqu’ils sont mouillés», elle capture la lenteur du ruissellement de la sueur avec un grand sens de la composition.

On visualise la vidéo Sweat de Mika Rottenberg au travers d’un trou dans mur, auquel on accède en poussant une version réduite de la photographie Armpit de Marilyn Minter. A la biennale du Whitney Museum de New York, Mika Rottenber invitait le spectateur à entrer dans une structure de bois alambiquée pour découvrir ses vidéos. Ici, Sweat est mis en scène dans un dispositif à spectateur unique.

Tournée dans un hôtel américain aux chambres exotiques avec des acteurs amateurs, la vidéo aux images kaléidoscopiques se promène quelques instants dans le lieu avant de s’arrêter sur un spectacle dans lequel une contorsionniste est accompagnée de deux hommes bodybuildés transpirants. Les gouttes de sueur qu’ils perdent tombent et frémissent sur des poêles chaudes. Mika Rottenberg nous offre en spectacle cette sécrétion du corps qu’elle considère comme son essence, «brillante et vivante».

Marilyn Minter
— Armpit, 2006. C-print. 127 x 91,5 cm
— Armpit, 2006. C-print. 48,5 x 32 cm
— Belly, 2008. Enamel on metal. 71 x 60 cm
— Pink Bra, 2007. C-print. 141,5 x 101,5 cm
— Shinola, 2008. C-print. 127 x 91,5 cm
— Freckles, 2008. Peinture.

Mika Rottenberg
Sweat, 2008. Video installation. 2 minutes.

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