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Sur l’eau, Sarkis esquisse

Une collection pour s’immerger dans l’univers artistique des créateurs d’aujourd’hui. La rencontre avec l’artiste Sarkis est celle de la couleur et de l’eau. Une rencontre suivie pas à pas par les enfants, séance pratique à l’appui.

— Éditeurs : Éditions du regard, Paris / Scéren-Cndp, Paris
— Collection : L’atelier
— Année : 2002
— Format : 21 x 27 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 32
— Langue : français
— ISBN : 2-84105-148-X
— Prix : 10 €

Sur l’eau, Sarkis esquisse
par Nadine Coleno (extrait, pp. 6-8)

Ce jour-là, six enfants avaient rendez-vous avec Sarkis dans un jardin. Une table y était dressée avec des assiettes et des verres remplis d’eau, mais les couverts étaient remplacés par des pinceaux et les porte-couteaux par des godets d’aquarelle vert, rouge, jaune et bleu. Au centre, un vase de fleurs rouges, jaunes et bleues, au feuillage vert. Curieux déjeuner.
C’est alors que Sarkis expliqua que le bouquet n’était autre que le modèle que les enfants allaient reproduire à l’aquarelle, peinture légère, délayée dans l’eau afin d’obtenir des couleurs transparentes. Un verre sera donc utilisé pour nettoyer le pinceau, I’autre pour le mouiller d’eau pure, car si I’eau n’est pas parfaitement propre, la couleur est modifiée.

Sarkis a choisi le rouge, le bleu et le jaune car ce sont les couleurs appelées primaires ou encore fondamentales. Les mélanger permet d’obtenir toutes les autres couleurs existantes : rouge + jaune = orange; bleu + rouge = violet; bleu + jaune = vert. Plus il y aura de bleu dans cette dernière association, plus la couleur sera turquoise, plus il y aura de jaune, plus elle sera d’un vert acide, c’est en modulant ainsi les quantités de couleurs primaires que l’on obtient une infinité de tonalités. Essayez avec des gouaches, vous verrez que ça marche.
En ce qui concerne les aquarelles, vous allez le constater, Sarkis préfère préserver la fraîcheur des couleurs pures.

Qu’il voyage à travers le monde ou qu’il reste à Paris, Sarkis ne se déplace jamais sans sa boîte d’aquarelles et son pinceau fétiche fait avec une plume d’oiseau. L’un et l’autre tiennent dans une poche.
Il a fait une brève démonstration avec du jaune, puis du rouge. Après avoir trempé son pinceau dans l’eau pure, après avoir pris suffisamment de couleur, il en a délicatement posé la pointe sur l’eau dont l’assiette était emplie. Et la couleur, une fois le pinceau retiré, a continué de se transformer. Elle s’est étalée en des méandres imprévisibles, elle a poursuivi seule son chemin. Où et comment s’arrêtera-t-elle ? Seule la patience nous le dira.
Pas de papier donc, mais la surface mouvante de l’eau. Lui seul a eu cette idée.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du regard)