ART | CRITIQUE

Superficial Resemblance

PClément Dirié
@12 Jan 2008

Déclinaison de marques, de traces. Celles des quadrillages et des cercles au sol ; celles de l’écriture en tant que traces individuelles ; celles des choses collectées ; celles, aussi, évanescentes et éphémères, du langage et de la conversation ; celles, plus impalpables encore, du souvenir et des désirs.

Le visiteur de l’exposition Superficial Resemblance repart avec un vœu trois fois enroulé autour de son bras. A l’invitation de l’artiste, il vient en effet d’enlever l’un des nombreux rubans porte-bonheur de l’installation murale I Wish Your Wish — véritable Mur des Lamentations revisité — sur lesquels sont imprimés « J’aimerais ne plus dépendre des anti-dépresseurs », ou « Aller en Chine », ou « I wish your wish », etc.
En contrepartie, le visiteur doit laisser un peu de lui-même, ou contribuer à forger une autre œuvre de l’exposition : Continente/Andando en Criculos, constituée par les dépôts de la poussière des chaussures sur des cercles de colle dessinés au sol qui, avec le temps, se matérialisent et s’épaississent.

Rivane Neuenschwander travaille les traces humaines, individuelles. L’installation Ici Là bas Aqui Acolà confronte le souvenir à la réalité.
S’apercevant que la Tour Eiffel, « emblème international du Paris éternel et touristique », est visible depuis l’une des fenêtres hautes du Palais de Tokyo, l’artiste dispose un escalier afin de l’observer, et d’offrir un point de vue en surplomb sur l’exposition. Là, le musée est dehors et le visiteur dedans.
Au pied de l’escalier sont accrochés, confrontés à la réalité, des dessins de la Tour faits par des Brésiliens, de mémoire ou par pure imagination.

La notion de « marque » joue un rôle central: dans l’installation The Chapters, qui quadrille l’espace et le marque du sceau de l’artiste ; dans la place accordée à l’écriture (Love Lettering), qui est une trace individuelle ; et dans le langage et la conversation, qui sont poétiquement évoqués par l’installation Quero Dizer. Deux verres d’eau posés sur deux tables sont reliés par un système de pailles : l’eau symbolise le flux, la parole, l’échange, tandis que son évaporation traduit l’évanescence du contact, trace éphémère à la surface du vécu.

Recensement des mots et expressions les plus courants d’un corpus de lettres d’amour, Love Lettering exprime aussi la banalité du contact. Dans la vidéo présentée ici, les mots sont portés par des poissons rouges qui évoluent dans un aquarium. Les séparations qui le traversent font écho à la fragmentation du discours amoureux.

Dans (Product of), résultat d’une collecte poétique d’objets quotidiens, des sacs alimentaires en plastique, tout signe écrit est effacé et remplacé par des images et de la couleur. Comme s’il fallait briser le rapport entre les choses et les mots…

Rivane Neuenschwander
— I wish your wish, 2003. Rubans porte-bonheur imprimés. Dimensions variables.
— Ici là-bas Aqui Acolà, 2003. Matériaux mixtes. Dimensions variables.
— Quero Dizer (Keep Talking), 2003. Matériaux mixtes. Dimensions variables.
— Love Lettering, 2002. En collaboration avec Sergio Neuenschwander. DVD. 6’22. Bande son : O Grivo.
— ——- –, (Product of), 2003. Sacs alimentaires en plastiques. Dimensions variables.
— Continente/Andando em Criculos, 2000. Bassines en aluminium, savon à la noix de coco, eau, colle. Dimensions variables.
— The Chapters, 2003. Cordelette en plastique et ruban adhésif. Dimensions variables.

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