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Sun City

21 Mai - 20 Juin 2004

Sun City, une ville pour retraités aux rentes très élevées, construite au milieu de l’Arizona. Des photographies qui révèlent, avec ironie et compassion, l’illusion derrière la réalité quotidienne. Un univers plongé dans le kitsch, l’argent et le vieillissement.

Peter Granser
Sun City

Nous vieillissons tous, en tant qu’individu, en tant que pays, et plus particulièrement en Europe, au Japon et en Amérique du Nord où l’espérance de vie ne cesse de s’accroître. Ainsi sont apparues, ces dernières années aux Etats-Unis, des villes communautaires répondant aux besoins des ces personnes âgées.

«Sun City» a été bâtie dans le désert d‚Arizona, au début des années 60 par le richissime agent immobilier Del Webb. Ce-dernier y fit construire 27000 maisons, des terrains de golf, des piscines, des terrains de tirs et des hôpitaux. Pour avoir l’honneur d’emménager dans un des bungalows stéréotypés de Sun City, il est nécessaire d’avoir plus de 55 ans, et surtout, de considérables rentes. Pour Del Webb et ses successeurs, prêcher l’évangile de la vigueur a bien entendu des effets économiques non négligeables.

Peter Granser, se rend à Sun City à plusieurs reprises. Le contact avec les pensionnaires est au départ plutôt difficile, notamment à cause de son jeune âge. Sa réserve et son empathie pour les personnes photographiées transparaissent naturellement dans ses images. À la fois photo-journaliste et artiste-photographe —selon ses propres mots—, Peter Granser dévoile, grâce à une bonne dose d’ironie, l’illusion qui se cache derrière la réalité. Si d’un côté ses images sont une sorte de miroir sans pitié de la société américaine d’aujourd’hui, elles sont également une vision pleine de compassion. «Sun City», portrait moqueur mais respectueux d’une nation civilisée. «Sun City» où, dès 20h, chacun chez soi, cherche la force pour se battre contre la plus chronique et la plus brutale des forces de la nature, le vieillissement humain.

L’atmosphère joyeuse de rigueur est accentuée par un goût pour le kitsch américain poussé à l’extrême. Les flamands roses omniprésents recouvrent une pelouse de gravier, d’un côté des séniors s’entraînent au tir, de l’autre certaines rejoignent le cours d’aquagym. C’est le réalisme intensifié de ses représentations qui les rend presque irréelles. La maladie et la mort ne sont qu’implicitement évoquées par quelques indices, qui finalement, font de ces photographies, à nos yeux, des images profondément humaines.

Peter Granser
Né à Hanovre en 1971, Peter Granser est d’origine autrichienne. Autodidacte, son premier contact avec la photographie se fait en 1991. Par la suite il va réaliser des séries telles qu’«Austria» et «Alzheimer», démystifiant toujours l’image-propre de ses modèles comme simple illusion. Récemment, Peter Granser a obtenu de nombreux prix : le Junger Preis für Bildjournalismus en 2001, le World Press Award en 2002, le Discovery Award à Arles et l‚European Architecture Photography Award en 2003. Il vient d’obtenir le Leica Oskar Barnack Award pour sa série Coney Island.

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