Suan Tian Ku La

Zhang Xiao, Lu Yanpeng, Sun Yanchu, Ren Hang
Suan Tian Ku La: 4 saveurs, 4 photographes, 4 regards sur la société chinoise

Dans le cadre du deuxième anniversaire de l’Institut Confucius des Pays de la Loire d’Angers, l’exposition «Suan Tian Ku La: 4 saveurs, 4 photographes, 4 regards sur la société chinoise» présente les regards croisés de quatre photographes chinois. Le commissariat de l’exposition est assuré par Léo de Boisgisson et Marie Terrieux. Le titre de l’exposition fait écho à une expression chinoise courante, «suan tian ku la» (acide, sucré, amer, pimenté), qui désigne les quatre saveurs certes, mais intervient également comme une métaphore des aléas de la vie humaine.

Zhang Xiao, Lu Yanpeng, Sun Yanchu et Ren Hang offrent, chacun à sa manière, des tranches de vie chinoise et nous permettent d’assembler les pièces du puzzle hétéroclite de ce pays-continent: villes tentaculaires, campagnes abandonnées, jeunesse dorée et personnages en marge, tous s’y côtoient et forment l’incroyable magma qu’est la société chinoise d’aujourd’hui. Chaque photographe est originaire d’un horizon géographique et culturel différent; si leurs pratiques oscillent entre photographie documentaire et déambulation onirique, toutes sont empreintes d’une authenticité bien palpable. Il n’est pas question ici de photographie plasticienne ou manipulée comme l’on en côtoie beaucoup dans les foires internationales d’art contemporain, mais plutôt de témoignages personnels au travers desquels l’on perçoit une dimension humaine doublée d’un engagement artistique et citoyen.

Zhang Xiao — originaire de Yantai, ville de la province du Shandong jumelée avec Angers — capture l’actualité avec un oeil incisif presque moqueur, et semble mettre en scène les gens du réel dans une pantomime aux confins du burlesque. Ren Hang, le second coloriste de ce groupe, présente quant à lui un pan de la société, une certaine jeunesse hédoniste, frange de la génération des années 1980, en apparence affranchie de certains codes et tabous. Les regards sépias ou noir et blanc de Lu Yanpeng et Sun Yanchu diffèrent considérablement l’un de l’autre. Le premier offre une vision quasi onirique d’une Chine ancienne où les codes iconographiques du paysage sont revisités. Sun Yanchu, influencé par Boris Mikhailov, porte lui un oeil acerbe sur le monde. Son oeuvre est ténébreuse, la critique y est latente, et la déchéance visible.

Prix HSBC pour la Photographie 2011 pour Zhang Xiao, Grand Prix du Festival de Pingyao pour Lu Yanpeng, Mention spéciale de l’édition 2010 du festival Photo Levallois pour Sun Yanchu, Rencontres d’Arles pour Ren Hang, ces quatre photographes ont d’ores et déjà capté l’attention des institutions et des festivals internationaux.

L’exposition «Suan Tian Ku La» met en lumière le travail de quatre photographes émergents qui comptent parmi les plus prometteurs de la scène artistique chinoise actuelle. En présentant une nouvelle génération d’artistes chinois, cette exposition juxtapose des points de vue, tout en suscitant des passerelles et des échos parfois inattendus, afin de dresser un panorama de la Chine d’aujourd’hui qui échappe aux tentations exotiques et privilégie l’extraordinaire réalité qu’est celle de la vie quotidienne des chinois du XXIe siècle.