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Stéphane Couturier

12 Nov - 17 Jan 2016
Vernissage le 12 Nov 2015

Les photographies de Stéphane Couturier, qu’elles montrent un chantier à Berlin, des immeubles en ruine à la Havane ou une chaîne d’assemblage automobile à Valenciennes, parlent toutes de transformation. Un sujet qu’il aborde avec un sens certain de la construction et de la composition, assorti d’une sensibilité aiguë pour la couleur.

Stéphane Couturier
Stéphane Couturier

Privilégiant des travaux emblématiques de Stéphane Couturier, cette rétrospective s’attache à préciser les grandes étapes de sa réflexion, autant technique que conceptuelle autour du medium photographique. Depuis ses débuts en argentique, il s’est intéressé à la notion d’archéologie urbaine, fil conducteur de sa pratique qui interroge sous diverses formes les mutations des paysages qui nous environnent. Une installation monumentale, mêlant photographie et vidéo, met notamment en scène son tout dernier travail sur le quartier de Bab-el-Oued à Alger.

Stéphane Couturier est né en France en 1957. Il a commencé sa carrière de photographe à Paris, sa ville natale, au début des années 1990 et a depuis réalisé plusieurs importantes séries.

«L’inextricable entrelacement d’un rendu hyperréaliste et de la dissolution de la forme: voilà le nœud gordien qui se niche au cœur des photographies de Stéphane Couturier. Voilà, également, le principe souterrain qui relie une vingtaine d’année passées à scruter la surface du visible, depuis les premières séries consacrées aux intérieurs d’usines désaffectées, comme les usines Renault à Boulogne- Billancourt (1993) jusqu’aux volumes organiques et fluides des Meltings, entrepris au milieu des années 2000, qui marquent l’adoption du numérique et des logiciels informatiques de traitement d’images.

Quel que soit le sujet, la surface fourmille de détails; chaque parcelle de l’image recèle une infinité de textures. Des espaces urbains aux paysages désertiques, des entrailles de fer de l’usine aux circonvolutions de l’architecture moderniste, nous sommes comme devant un pan de réel. Et pourtant, devant ces tirages monumentaux, souvent à échelle humaine, l’œil erre désorienté, sans parvenir à se fixer en aucun point. Du traitement en all-over naît la confusion: qu’on le nomme punctum avec Roland Barthes ou qu’on le laisse advenir en tant que principe anthropologique gestaltiste, le détail n’opère plus comme admoniteur. Il n’assigne plus ni sens de lecture, ni n’organise la totalité interne de l’image. Erigé en système, il devient principe de déhiérarchisation — et se fait l’agent du trouble, vecteur de notre désorientation et du vacillement de nos repères perceptifs usuels.

Nous sommes comme devant un pan de réel, et pourtant, il s’agit bien d’un au-delà du réel. Car l’une des particularités de la pratique photographique de Stéphane Couturier est de transformer une nécessité, la médiation de l’appareil de saisie, en une ontologie. Ce réel mis à plat, qui nous désoriente parce qu’il n’est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre que celui qui nous entoure et nous enveloppe, témoigne de l’œil de l’appareil. Walter Benjamin, déjà, le rappelait: à l’orée de la modernité, alors que sont inventés le microscope et le télescope, les appareils de saisie prolongent les sens, nous faisant accéder à l’infiniment grand et à l’infiniment petit. Toute chose familière, alors, est en passe de se draper d’étrangeté, et de nous faire entrevoir que notre vision naturelle n’est en rien prescriptrice. Cet aspect là, Stéphane Couturier s’ingénie à l’accentuer dans ses œuvres les plus récentes. Jouant des ressources du numérique, les procédures de montage et de superposition de deux prises de vues légèrement décalées ajoutent d’infimes incohérences visuelles.» (Ingrid Luquet-Gad, La captation du possible)

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