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Stéphane Calais. Ornements, Crimes et Délices

Six «sculptures-collages», dont cinq suspendues, des assemblages de matériaux et d’objets divers explorent une esthétique de l’ornement. Six peintures de fleurs sur carton et bois sont recouvertes de traces de couleur qui les masquent en partie. Leur forme ovale évoquent les cadres de la décoration souvent en vigueur dans les intérieurs des classes moyennes.

Ces deux séries d’œuvres interrogent l’art décoratif, et les limites entre art «pur» et décoration, mais aussi les limites de la saturation — à partir de quel moment une œuvre est-elle saturée? Ce qui débouche sur la question, en art, de l’achèvement des œuvres : à quel moment du processus créateur l’artiste ressent-il qu’une œuvre est terminée, que tout ajout devient superflu ?

La Pléiade, immense portfolio de 80 portraits sérigraphiés qui remplissent un mur entier du sol au plafond rappelle les Salons parisiens du XVIIe au XIXe, avant que la norme de présentation des œuvres dans les musées passe de l’accumulation à l’isolation des œuvres dans l’espace pour les mettre en valeur.

Pour cette série, Stéphane Calais a dessiné huit portraits d’anonymes avant de les superposer et les combiner de différentes manières. Cette technique les rend partiellement illisibles et mobilise notre mémoire visuelle pour déceler d’éventuelles ressemblances — il croit par exemple reconnaître Flaubert sur l’un d’entre eux…

Technique privilégiée de Stéphane Calais, le dessin reste parfois conventionnellement sur la surface d’une feuille de papier (La Grange version 2, H, La Pléiade), mais il se déploie également dans l’espace pour confronter sa planéité avec la troisième dimension.
Dans Magnolia, le dessin sort du mur en trois sculptures planes qui créent un nouveau dessin en se superposant, tandis qu’avec les quatre sérigraphies sur PVC de L’Herbier d’Étretat l’effet opère par transparence. La superposition n’est pas ici saturation mais production d’une composition délicate et aérée. 

L’Herbier d’Étretat et Magnolia prennent des aspects différents selon le point de vue adopté sous lequel on les regarde: elles semblent planes de face  et tridimensionnelles de profil. A la manière des sculptures en métal du britannique Anthony Caro qui gagnent, elles aussi, une dimension quand le point de vue change. Une façon de déjouer les regards pressés, et de ne pas se révéler dans l’immédiateté.

— La pléiade, 2008, 80 sérigraphies sur papier, 100 x 70 cm
— Waiting-room (SA), 2008, Acrylique et encre sur toile, 130 x 100 cm
— Wainting-room (FC), 2008, Acrylique et encre sur toile, 130 x 100 cm
— Arlequin, 2008, 2008, Acrylique et encre sur carton
— Polichinelle, 2008, Acrylique et encre sur carton
— Chinoise 3, 2006, Acrylique et encre sur carton
— Chinoise 2, 2006, Acrylique et encre sur carton
— Série Ornements, crimes et délices, 2004-08, technique mixte, dimensions variables
— La grange version 2, 1998, encre sur papier, 146 x 205 cm
— Magnolia, 2008, métal peint vernis, papier, aimants, 220 x 165 cm
— H, 2007, 40 sérigraphies sur papier, 100 x 75 cm
— L’herbier d’Etretat, 2007, sérigraphies sur PVC, 100 x 100 cm