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Splash. Collège invisible

Le Collège invisible est un groupe de travail en réseau composé de Yannick Dauby, Laeticia Bourget et Beate Engle. Disséminés dans le monde, ils travaillent sans se rencontrer, via le net.

Le Collège invisible est un groupe de travail en réseau constitué dans le cadre du post-diplôme de l’École des Beaux-Arts de Marseille, session 2002. Disséminés dans le monde (Marseille, Paris, Montréal, Virginie, etc.), ses membres travaillent ensemble sans se rencontrer, via le net. Initié par le collège Carl de Vautour, il s’agit de faire en sorte que «l’isolement de chacun arrive à être de l’Etre sans être ensemble».

Réalisée par Yannick Dauby, Ciaddict et Erationnal, Version acoustique du jargon informatique est un retraitement sonore et un détournement du jargon informatique.

Au départ, il y a des définitions brutes du jargon informatique qui, lues de façon atone, créent une étrangeté voire un comique distancié assez inattendu. Ces définitions sont lues en français, en anglais ou en français avec un accent japonais, par des femmes ou par des hommes. Ensuite, un traitement informatique permet de répéter, couper, hacher, « bugger », faire avancer ou retourner les voix et les mots. Toutes les erreurs habituelles sont exploitées voire augmentées. Le tout mélangé produit une sorte de musique très rythmée et colorée.

Post-post production est un extrait de deux minutes de James Bond sur lequel ont été rajoutés des effets spéciaux à ceux que contient déjà le film. Dans le passage retenu, l’acteur Pierce Brosnan sort d’un bureau d’affaire en catastrophe par la fenêtre avec une corde et une valise à la main ; puis il s’entretient avec une femme autour d’un verre avant d’être obligé de subitement fuir et s’engager dans une course-poursuite sous les bombes et les explosions.

Aux scènes d’origine, Julien Pruvieux rajoute flammes, explosions, fumée et crépitements sonores, ce qui accentue jusqu’au ridicule et à la dérision les stéréotypes du film d’action.

John Kelly a peint sur le mur gris de la galerie une bulle de BD vide sans personnage. L’œuvre s’intitule Conversation potentielle. C’est un appel lancé au visiteur : une bulle encore vide mais en attente de dialogue. Une proposition d’échange entre l ’œuvre et le visiteur. Bref, une conversation potentielle sur le sens de cette œuvre minimaliste entre l’artiste et le visiteur.

Etude d’identité collective présentée par Laeticia Bourget se compose de six photos numériques représentant six personnes membres d’un corps de métier. Il s’agit de proposer un uniforme en vue de conférer au Collège invisible une sorte d’identité de groupe. Chaque uniforme renvoyant à « une utopie collective ».

Un personnage cagoulé lève le point et exhibe son bras sur lequel figure le manifeste du réseau de résistance. On pense au KKK, aux nazis, aux extrémistes, on ressent une agressivité. Le groupe serait-il lié à l’extrémisme ?

Un gendarme en chemise bleue, avec la tête et les bras effacés, fait référence au Collège invisible qui a créé une charte pour réglementer la navigation sur Internet. L’artiste interroge: sommes-nous une police du net ? Des uniformes bleus et blancs, des asquettes, la mer : un commandant de bateaux de croisières. Le groupe est associé ici au plaisir, au voyage, au détachement. Question : sommes-nous des jouisseurs ?

Un personnage en tenue de golf — chemise blanche, short bleu, mains sur les hanches et herbe verte en fond — suscite enfin cette question : sommes-nous distingués socialement, des capitalistes ?

SeptX, de Pierre Sosso-Bekombo, est un montage de photos numériques représentant un escalier en bois avec, en bas, un fauteuil roulant et, en haut, une porte ouverte sur une lumière. Le titre SeptX est directement biographique : Pierre Sosso Bekombo est en fauteuil roulant, le septième enfant de sa famille, et il ignore qui il est. Mais l’artiste traduit surtout sa frustration de ne pouvoir monter les escaliers — la lumière vers laquelle aboutit l’escalier est celle de l’inaccessible.

Enfin, Beate Engl, jeune artiste vivant en Virginie, présente avec Art Sells des cartes postales traitées par ordinateur avec une fonction aquarelle. Ce sont des paysages de campagne — arbres, herbes, forêt, routes, bouts de ciel. Les formes sont souvent simplifiées, quelque peu vagues, voire brumeuses, les couleurs ont une dominante rose-bordeaux, ou vert d’eau. C’est agréable à l’œil et il est difficile de croire qu’il y a eut un travail obtenu par ordinateur.

— Yannick Dauby, Ciaddict et Erationnal, Version acoustique du jargon informatique, 2002.
— Julien Pruvieux, Post-post production, 2002. Film vidéo retouché sur ordinateur.
— John Kelly, Conversation potentielle, 2002.
— Laeticia Bourget, Etude d’identité collective, 2002. Six photos numériques sur papier. 120 x 30 cm et 20 x 28 cm.
— Pierre Sosso Bekombo, SeptX, 2002. Montage de photos numériques sur papier.
— Beate Engl, Art Sells, 2002. Aquarelles peintes sur le motif avec un powerbook. Images numériques retraitées avec retouches.

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