ART | EXPO

Speaking in tongues

24 Nov - 07 Jan 2012
Vernissage le 24 Nov 2011

Un sentiment que le monde touche à sa fin se dégage des toiles du peintre suédois Henrik Samuelsson, dont l'œuvre traduit le vide de la région désurbanisée de Suède, et plus généralement une crise globale: morale, sociale, sexuelle et artistique. Une crise humaine.

Henrik Samuelsson
Speaking in tongues

Les œuvres de Henrik Samuelsson sont ancrées dans une partie du Nord de la Suède qui, après avoir été prospère, avec des industries actives, est aujourd’hui désertée par les gens, à l’exception des plus âgés. On y envoie les gros toxicomanes, que l’on souhaite éloigner des villes. C’est une Sibérie suédoise et une version de la crise générale en Europe.

Les tableaux d’Henrik Samuelsson traduisent le vide de la région désurbanisée, la face cachée de l’urbanisation globale. Et plus généralement une crise globale: morale, sociale, sexuelle et artistique. Une crise humaine.

Par rapport aux époques antérieures, de quelle manière l’art aborde-t-il spécifiquement cette crise? L’art dont tous les grands changements sont issus d’une crise. De la Première Guerre mondiale a surgi Dada, tout comme la Nouvelle Objectivité en Allemagne. La vision singulière de Duchamp est née d’une crise de l’art à son époque. Qu’est-ce que cette crise a de nouveau?

Aujourd’hui, les mécanismes du marché sont plus cyniques: le marché aime par définition ceux qui veulent aller à contresens. Il va même jusqu’à les produire! En 2011 le changement soudain de la réalité économique est une dure réalité. En résultent des manifestations à Wall Street et au Syntagma Square d’Athènes — tout comme dans cette région abandonnée du Nord de la Suède qu’Henrik dépeint. Et l’art devient une méditation nostalgique sur la fin de l’ère industrielle.

Que va-t-il en résulter? Selon le titre d’une exposition de Damien Hirst, «In the darkest hours there may be light», quel est le moyen de s’échapper? Échapper à un point de vue personnel mais aussi échapper à un monde en déclin. La solution serait-elle la littérature, chez Houellebecq, ou l’art, chez Samuelsson dont les tableaux très sombres semblent être une issue, voire la seule?

En Europe une nouvelle fraction de la population connaît une abondance telle qu’elle se doit d’inventer une révolution contre elle-même. C’est ce dont parle Henrik Samuelsson: la manière de survivre maintenant que même la classe moyenne est en en train de péricliter.

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